Loscil

Après deux albums centrés respectivement sur la thermodynamique et sur les sous-marins, Loscil choisit de se libérer de tout carcan thématique pour ce troisième long-format pour lequel il a, de plus, utilisé de réels instruments et s’est entouré d’un « backing-band » composé de trois musiciens.

Si les deux premières plages ne dépareraient pas sur Submers (pulsation légère, vagues en flux et reflux, nappes travaillées), c’est à partir du morceau titre que la musique de Scott Morgan se met à évoluer. Partant des textures mises en place par le trio piano-guitare-violoncelle, le canadien les traite, mixe et retravaille via son ordinateur pour un résultat hybride entre un certain space-rock voluptueux et une electronica alanguie, comme une « space-electronica ». Envoûtante et évocatrice, la musique ainsi produite superpose admirablement couches synthétiques et traits aériens de guitare, micro-rythmiques et profondes nappes de clavier.
Le passage à une dimension plus organique de sa musique entraîne Loscil à mettre quelque peu de côté ses accointances dub qu’on ne retrouve plus qu’épisodiquement via une rythmique caractéristique ou une cadence réverbérée. Cependant, ce n’est avec aucun regret qu’on constate cette quasi-disparition tant la musique du canadien a pris une ampleur nouvelle avec la participation de ce trio instrumental, Scott Morgan trouvant là à la fois matière à régénérer ses propres productions en les densifiant et à étendre son champ musical vers de nouveaux territoires, peut-être plus faciles d’accès pour l’auditeur mais pas moins passionnants.

Décidément de plus en plus convaincant au fur et à mesure de ses parutions discographiques, Loscil semble, avec First Narrows, avoir la carrure suffisante pour véritablement s’installer en bonne place parmi les subtils créateurs d’ambiances savoureuses.

François Bousquet
le 22/05/2004