(Génie ou Rien / Chronowax)
15/03/2004
Electronique

Ca y est, EtherREAL se lance dans le rap et même dans le rap français !! En fait ce duo crée un véritable mélange entre hip-hop et electronica comme on en voit de plus en plus sur de multiples productions post-Anticon.
On ne sait pas grand chose de ces agents doubles qui répondent au nom de Bluz pour le MC, et de Jemsee pour la composition. On n’est pas trop dépaysé sur la forme, bien qu’agréablement surpris : chant au phrasé typique du rap français, mais la voix n’en fait pas trop, reste douce et bien intégrée aux musiques. Bluz articule parfaitement, ce qui nous permet de comprendre et d’apprécier les textes plutôt habiles. Pour la musique, on trouve toute sorte de rythmiques electronica, parfois un peu plus influencées par le hip-hop, et des mélodies souvent douces, abstraites et flottantes, parsemées de petits bruitages ou d’effets sonores plongeant l’auditeur dans un univers aquatique ou futuriste.
Petite originalité qui surprend au début, de nombreux morceaux se déroulent pendant 3-4 minutes, et se voient prolongés par un final instrumental d’une ou deux minutes généralement fort réussi, comme sur Ma fleur de mer, chanson d’amour qui se termine de façon très soutenue.
Mais les textes sont tout aussi responsables de la réussite de l’album. Plus qu’une dénonciation de quelques faits de notre société, les Agents Xi analysent celle-ci, sen servent comme point de départ d’une situation ou pour poser un décor dans lequel vont naviguer des images, des métaphores poétiques, ou comment faire du Beau tout en parlant de guerre et de mafia. Cette façon d’analyser ces situations, et d’en parler à coup de personnages fantastiques (Légendes Méconnues) contribue à leur tailler une réputation de prédicateurs. Un peu exagéré certes, mais le duo semble jouer avec cette image en créant des scénettes de science-fiction, d’anticipation musicale.
On y parle donc de guerre, de la place de l’homme dans notre société, des stars préfabriquées, de la mafia, et à chaque fois le groupe insiste sur le fait que chaque individu n’est qu’un numéro, un rouage d’une grosse machine qui a son tour surveille les individus, une synapse du Monstre Jaune symbolisé par le cerveau de la pochette du disque. On pense alors à la télé-réalité, Le Meilleur des Mondes de Aldous Huxley ou 1984 de George Orwell.
Electro-Hip-Hop philosophique, Le Monstre Jaune devrait séduire les amateurs de ce genre de fusion, fans de Funkstorung ou mieux, de Sixtoo, et les amateurs de hip-hop les plus éclairés.
le 26/05/2004