14/02/2002
Fondation Cartier,
Paris
Dans chaque cycle des soirées nomades, la fondation Cartier aime organiser une soirée événementielle qui drainent un public inhabituel : on se souvient notamment du concert de Peaches et Gonzales l’été dernier. Ces concerts sont en général plus proches de performances que de simples interprétations musicales ; ce sera encore le cas ce soir avec la venue de Suicide. Le duo New-yorkais, qui a fait ses débuts il y a un quart de siècle, n’apparaît plus que rarement, dans des cadres particuliers : ainsi ils donnaient récemment un concert à New-York en marge d’une exposition des oeuvres d’Alan Vega à base de néons et de lumière. La guirlande d’ampoules qui pend du plafond jusqu’à la scène doit d’ailleurs être une de ses installations. La scène est placée au milieu d’une exposition de photos de Kyoto, avec au fond un grand écran.
Le décor une fois planté, le concert peut commencer. Alan Vega, un peu empâté, tout de noir vêtu, béret sur la tête, baskets aux pieds, est à mi-chemin entre "freak" et tendance. Martin Rev (d’une maigreur inquiétante) porte toujours ses grosses lunettes noires, mais sur son visage émacié, elles évoquent ces lunettes de protection pour yeux sensibles vendues en pharmacie...
Tout le concert va être l’occasion de réfléchir sur les notions de spectacle et de spontanéité. Rev lance des séquences, joue de son clavier a poing fermé, Vega psalmodie d’une voix usée leurs chansons, prenant des poses pour haranguer le public ou se penchant vers tel ou tel spectateur en particulier, mais ses mouvements sont lents, comme s’il était engourdi. Des images sont diffusées sur l’écran derrière eux, et alternent entre le concert qui se joue devant nous en direct, et des films des années 80 : au spectateur de comparer le mythe avec la réalité. Ils joueront entre autre Ghostrider, Cheree et Dream Baby Dream en rappel.
Les réactions sont variées, certains y croient et s’agitent en rythme, hypnotisés, d’autres veulent y croire et crient pour réclamer de l’imprévu, que Martin Rev casse son synthétiseur et aille jusqu’au bout de sa démarche par exemple, beaucoup observent en s’interrogeant. A la fin du concert, les deux musiciens s’envolent dans les étages de la fondation Cartier à bord de l’ascenseur transparent derrière la scène, et laissent le public avec ses questions.
le 08/04/2002