Battery Operated + Made

Troisième album pour Battery Operated, qui sort une nouvelle fois sur leur propre label. Le duo est ici rejoint par Made que l’on découvrait l’an dernier au festival All Tomorrow’s Parties, signé chez Skam et initialement membre de Gescom aux côtés d’Autechre. De ce duo, on ne sait finalement pas grand chose, n’ayant pas non plus été pleinement convaincu par ce que l’on a pu entendre jusque là, à savoir un concert, et une participation aux compilations Bip_Hop Generation.

On retrouve leur style sur les deux premiers titres de cet album sur lesquels made ne participe pas. Une electronica assez expérimentale, pas forcément facile à aborder, même si après une intro expérimentale et des rythmiques tarabiscotée, une mélodie trouve sa place. D’ailleurs Fluid Lost qui ouvre le disque est finalement assez accrocheur, avec une mélodie aérienne, légère, et une rythmique assez carrée, mais une multitude de bruitages s’ajoutent, venant complexifier leur musique et brouiller les pistes. De même, Anode Sludge comprend tous les éléments pour faire un morceau efficace, mais ceux-ci sont éparpillés, dispersés sur près de huit minutes impressionnistes.
Du coup, l’arrivée de made sur le troisième titre semble immédiatement se faire entendre, avec une influence dub, de petites notes bouillonnantes, et un vide rythmique apaisant, mais de courte durée. On a toujours cette impression de patchwork, de puzzle dont l’auditeur doit rassembler les pièces, quelques basses acides ludiques, quelques notes acoustiques, des bribes de mélodies qui semblent échappées de tubes sur Blastula.

Petit à petit, la collaboration entre Battery Operated et made prend de l’assurance, trouve sa voie, mais perd un peu en originalité. S’ils sont très beaux, des titres comme Bok Globule, Choke Damp, ou Phot se rapprochent, pour une raison ou une pour une autre des recettes electronica : la finesse des bleeps mélodiques sur Bok Globule, l’efficacité mélodique sur Choke Damp ou la construction rythmique sur Phot. En même temps, le trio parvient presque à se sortir de cette image en s’essayant à quelques croisements inattendus, avec un son de boîte à rythme un peu datée, ou quelques basses acides, donnant l’impression de revisiter les 10 dernières années de productions électroniques.
On préférera les voir en terrain étranger comme l’electronica sombre et perturbée de Idrolyse Crac avec ses petits samples de vocaux hip-hop, l’intégration d’éléments acoustiques comme le piano abstrait et la rythmique jazz de Condyle ou les piaillements de cuivres de Eluate.
_ L’impression générale est donc assez mitigée, ne sachant comment prendre la chose. Assez expérimental, mais empreint de références efficaces, mélangeant finesse mélodique et facilités rythmiques, mais réussissant aussi de belles intégrations d’éléments acoustiques.

Fabrice ALLARD
le 01/08/2004