(Brume Records / Season of Mist)
01/06/2004
Electronique

Brume Records / Displacer / Electronica / Industriel / Oil 10 / OTX
Premier album pour OTX qui s’échappe et trouve refuge chez Brume Records, label parisien électro-indus plutôt productif, avec souvent de bonnes surprises. Ce premier album n’échappe pas à cette règle, mais il n’échappe pas non plus aux clichés d’un genre aux codes particulièrement précis, y ajoutant ça et là, avec un talent indéniable, des influences venues du cinéma et de la science-fiction en particulier.
Pour cerner la personnalité et les influences d’OTX, il suffira d’écouter le premier morceau (Mental Escape) et de lire les quelques notes du livret. Pour chaque titre, quelques lignes décrivent une réflexion sur un mode de vie, des projections futures de notre société, avec une certaine noirceur. Sur ce premier morceau, l’auteur vit dans un monde virtuel qui ne lui convient pas et décide de se déconnecter. Une sorte d’hymne cyber-punk à base de superbes nappes sombres, inquiétantes, et d’une rythmique industrielle. L’auteur fait preuve d’une parfaite maîtrise des moyens utilisés, plongeant l’auditeur dans un univers futuriste, glacé, sombre et moite qui n’est pas sans rappeler celui de Blade Runner. La bonne surprise se prolonge avec The Dark Voice of Angels et Calls of the Middle-East avec de superbes vocaux éthérés sur le premier, et chants du Moyen-Orient sur le second, faisant penser à une sorte de Dead Can Dance galactique.
La suite est malheureusement un peu moins convaincante. On regrette un manque de personnalité sur des morceaux particulièrement rythmiques qui manquent d’inspiration (Medieval Heresy, Weapons Factory) ou dans l’utilisation un peu systématique de clichés (choeurs religieux, bruitages mécaniques) et de nappes synthétiques certes très jolies et travaillées mais qui donnent l’impression d’être l’ingrédient indispensable à la musique d’OTX, faisant un peu preuve de facilité.
Pourtant ce n’est pas tout à fait le cas : les morceaux sont généralement suffisamment complexes, ajoutant de nombreux bruitages servant à créer une ambiance, un univers, et à appuyer son propos anti-militariste et anti-répressioniste par exemple. Ainsi, To Protect and To Serve met en musique cris, coups de feu et bruit d’une moto qui s’échappe, et Medieval Heresy met en parallèle piaillements d’enfants dans un parc et bruit de marche militaire qui sert de base à la rythmique pour finir par des samples d’orage et de pluie. Un univers cinématographique revendiqué, avec pour influences Hans Zimmer et Kenji Kawai.
Des influences on en trouvera également sur le plan technique, avec une rythmique proche de la drum’n bass sur Creatures of the Darkness, et des arpèges trance sur le très beau Missile Attack.
Au final on regrettera que les excellentes idées ici présentes n’aient pas été développées plus à fond, afin de faire d’Escape une complète bande son du film ou de l’univers dont rêve OTX, un univers superbement mis en image dans le livret. Il en reste tout de même un bel album, d’un artiste prometteur, avec en bonus deux très bon remixes assurés par Oil 10 et Displacer, et une vidéo sur une piste CD-Rom.
le 03/08/2004