Szely

Welcome to my World est la troisième sortie du label viennois fondé par Stefan Nemeth, membre de Radian. Peter Szely, quasi inconnu, est en réalité actif depuis près de 10 ans, mais pas spécialement dans le monde de la musique. En effet ses précédentes pièces musicales servaient surtout à des installations, performances, et pièces de théâtre. Mais même sans connaître l’artiste, c’est confiant que l’on dépose le CD dans le lecteur, puisque même si Mosz est encore un jeune label, on ne peut imaginer ses responsables faire une faute de goût.

Avec ses 8 morceaux pour 70 minutes, on s’attend déjà à de longues pièces dans lesquelles il va falloir se laisser immerger, et peut-être aussi quelques difficultés pour rentrer dedans. Mais en fait il n’en sera rien. Dès les premières notes, on fait le lien entre Peter Szely et Radian : épure de la composition, finesse et précision de la rythmique, un son assez similaire, basé sur un échafaudage rythmique/basse. Mais petit à petit ces similitudes s’effilochent et Szely trouve son propre style. Si la musique du trio est construite d’une façon relativement classique (changements de rythme, cassures, élans mélodiques), celle de Peter Szely joue la carte de l’hypnotisme. En effet, pendant près de 10 minutes, le morceau semble tourner en boucle, mais à l’insu de l’auditeur puisque tout est fait pour que l’on ne s’en rende pas compte, et c’est plutôt réussi sur ce premier morceau. Sur cette structure précédemment décrite, le musicien dépose de façon apparemment aléatoire de multiples bruitages qui renouvellent sans cesse la musique, se combinent différemment à chaque fois, jusqu’à atteindre une certaine richesse qui signifie l’apogée du morceau. La formule est assez réussie, produisant effectivement une musique douce, d’accompagnement, et propice à la rêverie.

Par la suite, pas de surprise sur la forme, l’album étant en quelque sorte composé de huit variations sur ce genre de composition, changeant à chaque fois le type de sonorité. Des éléments rythmiques flirtant avec le click’n cut sur Welcome to my World jusqu’au simili trip-hop du dernier titre bonus, des bruitages faisant penser à des grognements et caquètements d’animaux sur Hokkaido Desert puis des sons concrets (tintements de verre, bruits de rue) sur Seaside. Mais la nature même des ébauches mélodiques change complètement, entre le sombre magma sonore de Dense, les légères boucles de guitare de Lifestyle, et les lumineux tintements réverbérés de Seaside.
L’impression générale que laisse ces morceaux est assez étrange, donnant l’impression d’une certainement abstraction, mais composée d’une multitude d’éléments concrets (rythmiques, mélodies, sonorités connues) qui servent de guide.

Un album globalement doux et très agréable, mais sur lequel il manque un petit quelque chose pour véritablement l’élever au rang de disque "important". Par ailleurs, la formule pourra paraître un peu facile sur un ou deux morceaux qui auraient gagné à être un peu plus court.

Fabrice ALLARD
le 15/09/2004