(N&B Research Digest / Metamkine)
01/09/2004
Electronique

Voici deux musiciens de l’avant-garde électronique russo-finlandaise dont nous avons déjà au l’occasion de parler quelques fois depuis la découverte de ces deux artistes au Batofar en 2001. On s’était principalement intéressé au travail solo d’Anton Nikkilä, tandis que nous avions gardé une certaine distance vis à vis des expérimentations et de l’approche politique de la musique d’Alexei Borisov. C’est en duo qu’ils nous proposent leur nouveau travail, toujours très expérimental.
D’une part, les textes désenchantés d’Alexei Borisov, scandés de façon quasi mécanique, sombre, abordant le quotidien dans la Russie d’aujourd’hui. Leur musique est généralement construite sur une base électronique chaotique : les basses et autres percussions donnent l’impression de dégringoler dans des escaliers recouverts d’un tapis granuleux, composé de souffles, crépitements et grésillements. La partie mélodique quant à elle se rapproche de la musique improvisée, du jazz, via quelques pincements de cordes de guitare et tintements métalliques aléatoires sur Pridnestrovye, le frétillement d’une feuille de papier aluminium sur Summer Sketch ou encore une rencontre free jazz entre guitare, clarinette et saxophone sur Quite Loud, enregistré en live à Moscou.
D’un autre côté, toujours aventureux mais tout de même plus facile d’accès, le disque s’ouvre sur Doctors and Young Politicians, faisant penser à une vieille BO de film avec grosses cordes mélos traitées au laptop, noyées dans des souffles et crissements numériques. De même, Typical Human Beings clôture l’album de façon similaire avec de longues notes de saxophone mélancolique.
Parfois le passé des deux artistes ressurgit, quelque part entre no-wave (Radiotekhnika Solovya) et noise industrielle (So Few Good Moustaches), se rapprochant même de leur voisins nordiques Pan Sonic sur un Geographic Samples brut et carré, malgré le fait qu’il ait également été enregistré en live, à St. Petersbourg.
Borisov et Nikkilä ne sont pas prêt de mettre de l’eau dans leur vin, même si parfois on pourrait se prendre à la regretter. Un disque expérimental, dans lequel il est difficile de rentrer, difficile à aborder tant les portes d’entrées sont nombreuses et les chemins tortueux. Néanmoins, assez rapidement, on retrouve notre chemin, on repère les quelques indications et on accepte de se laisser porter par ces nouveaux codes. Pour amateurs d’aventure et d’avant-garde.
le 20/09/2004