The Konki Duet

Cela fait un petit moment que l’on croisait The Konki Duet, à commencer par le In Shop, porte ouverte du QG des labels Active Suspension et Clapping Music avec la structure Tsunami Addiction. Un peu plus tard ce fut lors d’une soirée Shobo Shobo, puis le duo formé par Zoé et Kumi devient trio avec l’arrivée de Tamara au violon, formule que l’on découvre à la Gaité Lyrique. Cet été, belle surprise avec leur concert toulousain : les trois jeunes femmes ont pris de l’assurance, et aux ritournelles du début se joignent quelques morceaux plus longs.

Ce premier album qui sort donc logiquement chez Active Suspension est une parfaite représentation de leur travail, de l’aboutissement de cette ascension et de leurs influences respectives. Pour commencer, une certaine légèreté, une pop ludique et enfantine que l’on attribuera à Kumi sur Imawa Mori Nona Kani ou Melody qui nous apparaîtra particulièrement fragile avec son orgue approximatif et son violon un peu grinçant. D’un autre côté, les influences pop de Zoé, la rockeuse du trio qui distille son énergie avec parcimonie, partagée entre les deux extrêmes : énergie et dureté sur Cindy, sensibilité à fleur de peau et mélancolie sur Tu vas Partir Sans Moi ou le magnifique A Sigmund Freud Odissey sur lequel le mystérieux Orval Carlos Sibelius vient prêter main forte de sa douce voix.
Là dessus, Tamara apporte la petite touche qui fait de chaque morceau un peu plus qu’une simple ritournelle pop, apportant un certain cachet à chacun de ces morceaux, servant parfois de liant, décuplant la mélancolie d’une chanson, ou apportant un petit côté classique et intemporel sur Do ! Family.

Il y a partout sur ce disque un esprit enfantin, joliment naïf, entre berceuse (On dort mieux quand il pleut) et conte de fée nous rappelant un certain village (Le mariage dans les nuages). Ceux qui ont définitivement tourné cette page de leur vie ne devraient toutefois pas rester indifférent à Il fait tout gris, superbe reprise du Fade to Grey de Visage qui en garde l’efficacité tout en nous paraissant plus juste, parfaitement brumeux. A cette occasion, un batteur vient en renfort. Très certainement King Q4, déjà batteur au sein de Encre, travesti ici en Queen Q4 pour s’intégrer au trio féminin.

Un bel album, fidèle à ce que l’on était en droit d’attendre sur disque, mais ayant découvert le groupe en live, on ne saurait trop vous recommander de faire le déplacement lors de leurs prochains concerts où vous découvrirez certainement quelques inédits et une touchante fragilité.

Fabrice ALLARD
le 18/10/2004