(Asphodel / Venus Works)
15/11/2004
Electronique

Alexander Rishaug, on ne connaissait pas avant cet album, mais ce norvégien était déjà auteur d’un premier album chez Smalltown Supersound et apparaissait sur Love Comes Shining Over The Mountains, première compilation du label Rune Grammofon. Au menu ici, quelques paysages désolés et fracturés.
Le style d’Alexander Rishaug est assez personnel, mais nous rappelle parfois Oval, et notamment sur The Mountain Song où s’emmêle des sortes de nappes hachées et syncopées d’un son d’orgue nasillard, vraisemblablement générées par ordinateur. Cette musique nous apparaît toujours étrange avec sa construction complexe, tout en laissant passer l’essentiel : des mélodies à la fois éclatantes et furtives. Petite surprise à la fin de ce premier titre, avec un trop court final ambient que l’on croirait sorti d’un album de Biosphere.
Si tout l’album est construit sur ce type de composition, sur ces nappes hachées, frétillantes ou syncopées suivant que la fréquence des répétitions soit plus ou moins rapide, on passe tout de même par des paysages variés. Des titres comme Or L ! ou My Favourite Place qui s’étalent sur plus de 12 minutes sont franchement ambient, plus doux. L’utilisation de sons concrets est souvent un véritable plus, comme sur ce dernier titre qui semble créer un univers hors du temps, coincé entre deux parenthèses de chants d’oiseaux et voix d’enfants. Ils apportent vie et variations à une musique qui pourrait paraître ennuyeuse, mais qui ne l’est jamais, sauf peut-être sur Room Tone qui est étrangement le morceau le plus court, et manque un peu de relief.
La musique d’Alexander Rishaug n’utilise jamais de rythmique au sens ou on l’entend généralement. Mais ce sont apparemment des sons concrets qui fourmillent en intro de Cross Platform, créant une sorte de rythmique abstraite sur une nappe lancinante. Plus loin, quand des grésillements bourdonnent et se densifient, ils créent une texture qui, flirtant avec ces nappes ambient nous rappelle la mélancolie digitale de Fennesz. Sur Tatlic, l’utilisation de ce hachage numérique crée des clicks qui viennent naturellement rythmer le morceau.
Et si l’on veut aller plus loin en ce qui concerne les références, on est parfois pas loin d’un rock progressif allemand, genre Tangerine Dream sur une pièce comme Dual Appearance avec ses boucles répétitives et ses nappes planantes.
Difficile de ne pas apprécier un disque qui nous fait penser à autant de choses que l’on adore. Aussi, si vous êtes fans des artistes mentionnés dans cet article, vous pouvez vous jeter sur ce disque les yeux fermés.
le 04/01/2005