(Make Mine Music / Import)
06/12/2004
Rock

Ambient / July Skies / Make Mine Music / Pop
Dreaming of Spires, premier album de July Skies, paru début 2002 sur Rocket Girl, avait été notre album préféré de cette année-là, éblouissante suite de pièces à la superbe évanescence vers laquelle on revient souvent et qui se dévoile un peu plus à chaque fois, sans qu’on ait l’impression d’en avoir encore percé tous les mystères. Dès lors, c’est peu dire qu’on attendait avec impatience ce second long-format d’Antony Harding paraissant, cette fois-ci, sur Make Mine Music, le label qu’il co-gère.
Très rapidement, on se replonge avec un bonheur incommensurable dans ces volutes de guitares et ces nappes ensorcelantes, parfois accompagnées du timbre voilé de l’Anglais ou de dialogues samplés, apparemment issus de documentaires (le disque est une sorte d’hommage aux aviateurs britanniques morts pendant la seconde guerre mondiale). Faisant baigner le tout dans une atmosphère propre à la mélancolie, faite de clairs-obscurs, et procédant par petites touches, July Skies, sans peine, nous séduit à nouveau. Mais, loin de se contenter de ces magnifiques éléments, July Skies introduit de nouvelles sonorités dans sa musique : ici un harmonica plaintif (The English Cold), plus loin un délicat jeu sur le feedback de sa six-cordes (East Anglian Skies), là une guitare acoustique chargée d’assurer la rythmique (August Country Fires) ou là encore un orgue envoûtant (Faded Generation). En outre, Antony Harding développe par endroits le caractère électronique de sa production en insérant boucles et rythmique digitale (Waiting to Land) ou renforce la dimension onirique en intégrant des samples de gazouillis d’oiseaux (Strangers in our Lanes).
Se voyant rejoint, pour trois titres, par trois membres d’Epic45, groupe ami et co-gérant Make Mine Music, July Skies peut alors choisir de s’orienter soit vers un post-rock enlevé où la basse de Rob Glover et la guitare de Ben Holton viennent parfaitement s’associer à la six-cordes ultra-réverbérée d’Antony Harding (The Mighty 8th), soit vers un titre plus dans la lignée de ce qu’il fait d’habitude où les trois compères sont accompagnés par l’enveloppant violoncelle de Becca Stubbs (Countryside of 1939) ou encore vers un post-rock contemplatif au sublime caractère aérien (Waiting to Land). Mais, c’est assurément quand il est tout seul que l’Anglais se fait le plus émouvant, mêlant sa touchante voix aux perles éthérées qui émanent de sa guitare (Cloudless Climes and Starry Skies) ou proposant un déchirant titre a capella (Lost Airmen).
Si ses lumineux traits de guitare se font peut-être un peu moins captivants, car moins évanescents, que dans Dreaming of Spires, July Skies fait preuve, ici, d’une indéniable volonté de renouvellement et réussit un disque à la fois dans la lignée du précédent et différent, probablement moins porté sur une seule couleur musicale mais non moins passionnant. Et puis, après tout, pourquoi choisir entre ces deux albums ? Ecoutons l’un après l’autre et délectons-nous, tout simplement.
le 15/01/2005