(Mosz / Metamkine)
15/11/2004
Electronique

Actualité riche en cette fin d’année pour le label viennois avec deux albums coup sur coup. D’abord le fabuleux disque de Metalycée dont nous venons de parler, et puis aujourd’hui Gustav, un nom trompeur pour ce qui s’avère être une sorte de croisement entre Heidi et Björk. Si Rettet die Wale est le premier album de cette jeune femme, il se trouve que l’on a déjà pu l’entendre au sein de Songs of Suspects que l’on découvrait il y a un an et demi sur un autre label viennois : Karate Joe.
Le premier contact, avec cette pochette au photo-montage un peu kitsch évoquant les Alpes autrichiennes, nous laisse d’abord un peu perplexe. On se demande ce que l’on va entendre et on s’attend à un ton assez différent des précédentes sorties du label. Et c’est bel et bien le cas puisque Eva Jantschitsch oeuvre dans un registre franchement (et fraîchement) pop. Une pop bucolique, sautillante, que l’on imagine en guise d’accompagnement d’une bande de joyeux lurons gambadant dans les prairies autrichiennes sur We Shall Overcome : rythmique sautillante, basse ronde imposant un tempo saccadé, sonorités de vieux claviers bon marché, c’est frais, léger, et plutôt efficace. Si la comparaison avec Björk nous semble flagrante sur les premiers mots, notamment sur des intonations un peu appuyées, elle s’en détache par la suite, avec quelques chansons un peu plus graves ou tristes (Little Weird Grrrl), assez régulièrement construites selon une lente montée avec final rock, mais frôlant aussi la douce complainte avec le magnifique Genua, chanté à la fois en allemand, français, italien et espagnol sur fond de violoncelle.
La deuxième moitié de l’album est d’ailleurs un peu plus posée, mais aussi musicalement plus intéressante. Sur One Hand Mona par exemple la voix se rapproche d’un spoken word qui, rapproché d’une musique minimale nous rappelle Laurie Anderson, et se sort même à merveille de cette comparaison. Une recherche sur le son, un joli travail sur le tempo, un bonheur qui se prolonge pendant plus de 9 minutes et se termine par une sorte de fanfare. Parti pris également plus expérimental sur le tout aussi réussi Mein Bruder et sa basse rythmique syncopée, sa voix passée au vocoder évoquant un message radio, spoken word politique, lente montée de tension, et on pense ici à Barbara Morgenstern.
L’éclectisme de la dame est à son comble sur les deux derniers titres, avec un Da, Am Monop01 très pop-rock, et un morceau titre faisant penser à une musique de film romantique, mièvre, avec chant de cabaret.
Un album très plaisant, fort surprenant de par la variété des genres, mais d’une qualité indéniable. Devrait plaire aux amateurs du label Angelika Köhlermann s’ils ne sont pas contre une production un peu plus soignée.
le 21/01/2005