(City Centre Offices / La Baleine)
11/04/2005
Electronique

Il fallait bien que cela arrive un jour, nous redoutions ce moment, mais, malheureusement, il est arrivé : nous sommes déçus par un disque de The Remote Viewer. Attention, Let Your Heart Draw A Line n’est nullement un mauvais album mais, compte tenu du niveau d’excellence auquel Craig Tattersall et Andrew Johnson nous avaient habitué, force est de constater qu’on se situe, ici, un cran en-dessous. Peut-être aussi attendions-nous trop de ce nouveau long-format, un an après un très beau maxi dans la lignée duquel il se situe.
En effet, on retrouve sur l’album les ambiances ouatées, l’electronica vaporeuse et la voix embuée de Nicola Hodgkinson d’Empress qui faisaient le charme de You’re Going to Love Our Defaitist Attitude ; mais là où, sur un maxi, le charme opérait, sur la longueur d’un album (quand bien même celui-ci ne dure que quarante-deux minutes), on ne peut s’empêcher d’attendre autre chose, de trouver que l’ensemble se délite au fur et à mesure, se fait émollient à force de donner dans le cotonneux, se repose trop sur ses acquis sans véritablement se remettre en question. Pourtant, le tout début de l’album ne laisse pas présager d’un tel sentiment : après un premier titre opérant dans l’atmosphère évoquée plus haut, To Completion développe une rythmique electronica proche du clicks’n’cuts et superpose les couches mélodiques pour un résultat à mi-chemin entre le premier titre et ce que pouvaient nous proposer les Anglais à leurs débuts. Mais ensuite, The Remote Viewer opte pour l’unicité d’ambiance et enfile des titres qui, pris séparément, sont extrêmement convaincants (exception faite de It’s So Funny How We Don’t Talk Anymore et sa voix passée au vocoder) mais, écoutés d’affilée, ont tendance à atténuer leurs qualités respectives là où, d’ordinaire, l’union ferait plutôt la force.
Cela dit, nous sommes peut-être, une fois encore, trop difficiles et avions, sans doute, mis trop d’attentes dans cet album après le superbe Here I Go Again on my Own (sans compter le premier album, sans titre, qui est probablement notre préféré du duo). Partant, notre jugement est quelque peu altéré car il faut bien reconnaître que l’union de textures synthétiques, de guitares acoustiques digitalisées et de voix traitées est très souvent réussie (Last Night You Said Goodbye, Now It Seems Years) de la même manière que le mariage entre une nappe granuleuse et le timbre toujours aussi délicat de Nicola (Take Your Lights With You, I’m Sad Feeling et son exquise mélodie). Plus encore, les huit minutes de Kidtransport permettent aux britanniques d’installer leurs atmosphères dans la durée, d’introduire de courtes rythmiques et de travailler sur la résonance des notes produites par Nicola. Alors oui, nous sommes certainement trop sévères, mais c’est souvent ainsi avec les artistes et groupes que l’on affectionne tout particulièrement ; The Remote Viewer est incontestablement de ceux-ci et ce n’est pas un album un peu décevant comme Let Your Heart Draw a Line qui nous fera changer d’avis.
le 15/04/2005