24/04/2002
Mains d’Oeuvres,
Saint-Ouen
Figure culte de la noise japonaise, Keiji Haino est de passage dans la banlieue parisienne pour un concert avec son groupe, Fushitsusha, soit deux personnes ce soir sur scène : Keiji et son bassiste,Yasushi Ozawa.
La scène semble vide : un mur d’enceintes au fond a droite, une batterie sur la gauche devant laquelle jouera le bassiste. Tout à fait devant et a droite, une petite table remplie d’appareils électroniques, d’effets, et une belle rangée de pédales au sol.
Pour commencer nos regards se porteront sur la gauche puisque Keiji Haino commencera par la batterie. Rythmique faite de cassure, basse en contrepoint ou en accompagnement, et chant très varié comme les ambiances des morceaux. Parfois très calmes, la voix de Keiji Haino se fait alors aérienne et mystérieuse, presque effrayante. A d’autres moments tout s’emballe et il semble perdre haleine.
Keiji utilise assez régulièrement des effets lui permettant de mémoriser des phrases rythmiques ou des sons qu’il lance en boucle, sur lesquels il va rajouter une nouvelle couche rythmique ou chanter.
On ne s’attendait pas à ce genre de prestation, et ce fut une excellente surprise, car malgré un abord relativement difficile, la musique de Fushitsusha provoque de réelles émotions et requiert une attention de chaque instant.
Après 20 bonnes minutes (3 morceaux), Keiji Haino saisit sa guitare et entame une deuxième partie de concert tambour battant, mais sans batterie. Enorme magma sonore produit par une guitare rageuse pour commencer. Le mur d’enceinte vrombit, Keiji se contorsionne, mais nous nous contentons d’en prendre plein la vue, et plein les oreilles. Pas désagréable, quelques mélodies s’immiscent du bruit, mais celui-ci était peut-être un peu long, ou trop monotone.
Mais cette deuxième partie alternera ce genre d’expérience avec des passages plus calme où Keiji reprend le chant, qui sait lui aussi rivaliser avec les grosses guitares avec une voix pleine de rage. Ambiances variées la aussi, tantôt très rock avec riffs convenus, envolées limites progressives, ou plus surprenant, des guitares cristallines sur un des derniers superbes morceaux.
Le genre de concert qui ne peut pas laisser indifférent, et dont la richesse donne de quoi plaire à un large public.
le 07/05/2002