(AGF Producktion / La Baleine)
14/02/2005
Rock

On ne présente plus AGF et Vladislav Delay. Ils font déjà l’objet de nombreux articles sur ces pages, et il semblerait que l’on n’ait pas fini de parler d’eux. Déjà reconnus pour leurs travaux en solo, le duo multiplie les projets parallèles et collaborations (Luomo pour Vladislav Delay, The Lappetites pour AGF qui posait également sa voix sur le deuxième album de Craig Armstrong).
Après avoir signé quelques morceaux sous le nom de AGF/Dlay, on attendait un travail commun sur un long format. Le voici donc, sortant sur AGF Producktion, le label fondé quelques mois plus tôt par l’Allemande.
Après les avoir vu en juillet au festival des Siestes Électroniques, l’effet de surprise de voir Vladislav Delay à la batterie est passé. Par contre l’album nous permet de mieux apprécier sa performance, faite de rigueur et de précision. Par contre c’est ici l’homogénéité des morceaux qui surprend sur la longueur de l’album. On ne parlera pas de recette, mais à la rigueur de la formule trouvée par le duo. Une formule inédite, combinaison d’une rythmique précise et mise en avant, avec une voix murmurée, feutrée, alternant entre spoken word et élans chantés, le tout enrobé d’un certain minimalisme mélodique ou de nappes ambient. Il en ressort forcément un aspect dépouillé, mais aussi parfois chaotique quand les rythmes s’enraillent ou s’emballent. Au jeu de la comparaison, on dira qu’AGF abandonne les phrasés complexes et fracturés de ses productions solos tout en gardant la douceur, la sensualité, et les thèmes (regarder le temps s’écouler, se poser des questions sur notre mode de vivre, économie et politique). Du point de vue rythmique, on pensera à Radian dans ce jeu à la fois précis et chaotique, évitant toute répétition.
Les conditions d’enregistrement de cet album ont sûrement nettement contribué à ce résultat : le couple s’étant isolé au Nord de la Finlande, loin de toute civilisation, AGF et Delay ont composé là un album downtempo, une pop nonchalante et minimale, un hymne à la nature et à l’Homme, expliquant ainsi la présence modéré des machines, et la recherche d’imprévisibilité. Explode est un album intime, les textes racontant des tranches de vie, la création musicale, les tournées, l’attente des festivals d’été, l’envie de s’acheter une robe trop chère, toujours d’une façon poétique, en évoquant plutôt qu’en racontant.
Les fans d’AGF seront comblés, on retrouve là ce qu’elle fait de mieux, l’ambiance de ses concerts. Ceux qui ne connaissent que Vladislav Delay seront certainement surpris, mais Explode est un excellent album, à la croisée des genres, ces artistes explorant toujours de nouvelles voies.
le 27/08/2005