Cyne

Evolution Fight

(City Centre Offices / La Baleine)

 date de sortie

29/08/2005

 genre

Electronique

 style

Hip-Hop

 appréciation

 tags

City Centre Offices / Cyne / Hip-Hop

 liens

Cyne
City Centre Offices

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Après plusieurs disques sur Beta Bodega ou Botanico del Jibaro, le quatuor états-unien Cyne a sorti deux très bons 12" sur City Centre Offices aux printemps 2004 et 2005 (avec notamment un excellent remix d’Automaton par Four Tet). C’est donc logiquement sur le label berlino-mancunien que paraît le nouvel album des floridiens où l’on retrouve, du reste, les morceaux-phares des maxis évoqués à l’instant (mais seulement les originaux et non les remixes).

Musicalement, les productions de Cyne se signalent par une très bonne assimilation de plusieurs genres qu’ils unissent à des rythmiques hip-hop basiques : funk, electronica, ambiances plus laid-back ou plus éthérée. Utilisant ainsi tour à tour un piano, des cuivres, un vibraphone, une guitare wah-wah, accueillant une voix féminine, une chorale gospel ou mettant en avant la rondeur d’une basse, le groupe développe ainsi des atmosphères réellement probantes : les sonorités quasi-aquatiques de Rappin’ ou celles particulièrement émouvantes d’Up Above. En outre, le quatuor parvient même à créer des ritournelles entêtantes : la paisible boucle mélodique de clavier du morceau-titre ou celle, plus évidente, de Running Water.
Au niveau des paroles, si on retrouve quelques inévitables poncifs ("la guerre, c’est mal”, “tous les peuples du monde devraient se donner la main”, “Bush est un gros méchant”, “vis-ta vie comme tu l’entends, sois un bon garçon et tu pourras devenir ce que tu veux devenir” en substance), on apprécie que le groupe s’intéresse, à d’autres moments, à des considérations sociales plus concrètes : “While on a quest for green / I’m trying to pay the Rent / Still I’m trying to make a Dollar out of what makes sense ” (Evolution Fight), “I was born free but now I’m like a Slave to Society” (Rousseau), l’auto-description satirique de l’homme moderne d’Automaton (“Clever Ringtones define me”) ou la dénonciation de l’hypocrisie religieuse (Deffered). De la même manière, on se félicitera de l’humilité de Cyne, la formation n’hésitant pas, dans un genre qui, trop souvent, glorifie les gros bras, à évoquer le sentiment d’abandon à la suite de la perte de sa mère (“I’ll wrestle Angels just to see your face again”, Up Above). Se mettant au service du texte, le flow des États-uniens s’adapte naturellement au sujet traité : quasi-agressif dans le vindicatif Fuck America, presque priant dans Up Above ou se déversant tel un torrent dans Running Water.

Très bon disque, Evolution Fight s’avère, de surcroît, aussi appréciable par les connaisseurs du genre que par les béotiens en la matière. Après avoir été, dans un premier temps, relativement étonnés par la signature de Cyne sur City Centre Offices, nous ne pouvons que saluer, avec la réussite de cet album (et des deux maxis qui l’avaient précédé), le choix du label, décidément particulièrement éclairé quel que soit le genre musical.

François Bousquet
le 12/09/2005

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