(Angelika Köhlermann / Import)
03/03/2006
Electronique

On parlait déjà de GD Luxxe il y a un peu plus de trois ans, à l’occasion de la sortie d’un EP chez les canadiens de Suction. Aujourd’hui c’est sur son propre label, Angelika Köhlermann, qu’il sort cet album qui fait preuve d’une certaine maturité après le très efficace (et léger) Vendetta.
Bien sûr, pas de changement majeur, on reste très ancré dans les 80s, mais alors que Vendetta était une pure bombe d’électro-pop dansante, Make apparaît plus sombre, et les fleurs colorées du EP ont d’ailleurs laissé place à un quasi monochrome bleu nuit. Make n’est pas pour autant austère. Seulement plus marqué par des ambiances dark/cold wave avec des voix d’outre-tombe (Hands, Will), scandées, nous rappelant les Chicks on Speed sur Gift, et sa reprise façon speed rock Giftd. D’ailleurs si le son reste très électro, les guitares sont omniprésentes, même si leur son y est déformé, transformé afin de mieux s’intégrer aux éléments électro. Des riffs ravageurs de Gift, au parfait mélange rock-electro de Brick, en passant par la saturation très électronique des guitares de Will, ou les nappes grésillantes de As We, les guitares sont partout, elles ont toujours un son différent, tout en restant mi-électroniques, mi-électriques.
En étant plus rock, le ton est plus grave, on est assez loin de l’esprit festif de Vendetta tout en retrouvant ici le plaisir immédiat d’arpèges faciles, de la ritournelle accrocheuse. De ce mélange nait toute l’ambiguïté du projet, produisant au final un disque doux-amer. Quand Gerhard Potuznik passe réellement au chant ou ajoute quelques choeurs, il nous offre des tubes imparables : douceur de sa voix feutrée sur IFY, superbes intonations mélodiques sur Profile, ou ton franchement désenchanté sur le joliment orchestré As We.
Histoire de parfaire le relatif éclectisme de l’album, le Viennois s’autorise quelques titres plus électroniques, comme le tube robotique et sautillant You R, mais surtout des instrumentaux comme Your Airlines (2 minutes de superpositions d’arpèges synthétiques flottantes), Laserlight qui n’aurait pas dépareillé sur Vendetta avec ses arpèges filtrées, ou l’ambient expérimentale de Your Highways avec voix et riffs de guitares noyés dans les reverbs.
Débutant sa carrière dans les années 80, toujours présent, engagé et productif aujourd’hui, Gerhard Potuznik reste fidèle à lui-même avec ce projet, et fait habilement le pont entre deux générations électroniques. En gros, il a gardé un certain esprit punk de l’époque en produisant sa musique avec les moyens d’aujourd’hui. Reste à savoir qui est son public !?!?...
le 18/05/2006