(Angström Records / Toolbox)
00/06/2006
Electronique

Il y a trois ans, le label Toulousain Angström Records sortait le Moorning EP de Tellemake. Aujourd’hui c’est au tour de l’album, sous forme de vinyle accompagné d’un CD-Rom pour mieux marquer le fusion acoustique/numérique qui est à l’oeuvre sur ce premier album.
En effet, après les paysages arides de Moorning EP, Christophe Guiraud se met à l’acoustique avec ici l’apparition régulière de violoncelle, piano, mélodica, accordéon et voix. Comme une transition avec ce précédent EP, Dammerung ouvre l’album en nous rappelant Fennesz de part le traitement sonore et cette façon d’allier douceur et dureté. Mélange de notes électroniques limpides et frétillements rythmiques métalliques, cassures, et une voix, proche du murmure, également fracturée qui nous rappelle la pop déglinguée d’AGF.
On sera ensuite un peu gêné par la construction de quelques morceaux aux structures peut-être trop visibles. Une multitude d’éléments hésitants, timides, presque chaotiques se superposent, mais chacun est en fait une boucle. L’aspect organique, humain, libre, qui devrait se dégager de cette musique se retrouve alors prisonnier de structures qui restent mécaniques. Les quelques effets, cassures, pertes de signal susceptibles de rompre ces boucles ne suffisent malheureusement pas et l’émotion peine à poindre sur Ecce, Verrio acco, ou Efeu et sa superposition de piaillements de violons sur une boucle de violoncelle. Ces éléments acoustiques nous apparaissent mieux gérés sur Ahnen, sorte de jazz contemplatif rythmé de frottement de balais sur une batterie et de quelques grelots, ou Lüdin, qui, de part la densité de ses éléments, fait oublier la répétition monotone et donne l’impression d’être un enregistrement d’un concert d’impro.
La face B est par contre une réussite complète, où l’on retrouve la richesse, la densité de Dammerung. Plus dérangé, plus fracturé, les machines prennent le contrôle de l’acoustique pour mieux en révélé la douceur. Ensemble complexe de chant et piano déchirés par les machines sur Scarbo, qui est pourtant le titre le plus "pop" de l’album, extrême finesse et déstructuration rythmique sur Calleash, très free et très jazz, accompagné de guitare et voix ondulantes, ou l’échevelé Bigbandos et sa montée finale faite de textures grésillantes et d’une rythmique qui s’emporte. Pour finir, l’électronique semble s’effacer au profit de l’acoustique avec Sure, le titre le plus organique, coups donnés contre le corps des instruments, grincement de l’archet sur les cordes du violoncelle, hésitations rythmiques.
Sur le CD-Rom, on retrouve l’intégralité de l’album déjà encodé en MP3, trois titres bonus que l’on aurait d’ailleurs bien vus sur l’album, des remixes et nouvelles versions arrangés par Kob I Vento, Sink, Arco5, Lodz et Yenkell, et enfin sept vidéos de Sylvain Fogato, spécialiste du travelling en train (Tallis, Fela), du portrait éthéré (Lüdin, Marées), ou de tranches de vie en noir et blanc (Chateauroux, Laune), le tout accessible par une très belle interface graphique en Flash.
Il ne manquait pas grand chose pour en faire un disque parfait, peut-être seulement inverser les trois titres bonus avec quelques uns un peu plus faibles ici. Reste tout de même le principal, à savoir ce mélange inédit, cette véritable fusion entre jazz/classique contemporain et électronique.
le 30/07/2006