(Morr Music / La Baleine)
09/10/2006
Electronique

Fat Jon / Hip-Hop / IDM / Morr Music / Styrofoam
Confirmant l’inclinaison de Morr Music et de certains de ses artistes pour le hip-hop, The Same Channel est le résultat de la collaboration de Styrofoam (un des membres "historiques" du label berlinois) et de Fat Jon, MC états-unien installé à Berlin et participant au collectif Five Deez, justement basé dans la capitale allemande.
Comme on pouvait s’y attendre, l’album mêle, à parts sensiblement égales, les ambiances que peuvent développer les deux artistes sur leurs travaux personnels : data-pop avec voix filtrée légèrement traînante et mélodies électroniques pour Styrofoam, flow vif pour Fat Jon. Si le caractère un peu "cheap" des lignes mélodiques et des sonorités proposées par Arne Van Petegem fait parfois sourire (Acid Rain Robot Repair, Upgrade, Scream It Out), on sera plus convaincu quand l’artiste belge utilise sa guitare, plus à même de dialoguer efficacement avec les rythmiques et les deux pistes vocales mises en place (Bleed, Upgrade (Grace Period Mix)) ou quand pulsations et éléments synthétiques se font plus inventifs (Space Gangsta, Nervous Inaction).
Pourtant, assez rapidement, la construction des titres tend à se faire répétitive : flow souvent enlevé de Fat Jon sur les couplets, petit break avant le refrain, intervention de la voix filtrée de Styrofoam sur ce dernier. Même quand cette pénible voix passée au vocoder est laissée de côté, le résultat n’est pas forcément probant, pêchant régulièrement par inanité musicale (Scream It Out). Reste alors à se pencher sur les paroles de ces chansons. Passant sur les éternelles chroniques contant le dépit amoureux (Bleed, The Middle) ou la crise du couple (Nervous Inaction), on s’attardera plutôt sur le doublement parodique (de l’imagerie hip-hop traditionnelle et des récits de science-fiction) Space Gangsta ("Laser Gun Battle/Space Travel/Comin at You/You know, Gangsta and What Have You") ou le mélancolique et réussi Generic Genes (Spare Parts) ("No Need to Worry Now, Everything Was Saved to Tape/Control the Medium, Listen When the People Speak/Note the Elements, Even If They’re Incomplete/As It Filters Through... Don’t Interrupt the Code/No Need to Look Around. There’ll Always Be Enough to Load").
Globalement décevant, The Same Channel ne parvient donc pas à célébrer correctement ces improbables noces entre data-pop et hip-hop dont l’union est, par conséquent, repoussée à plus tard (encore qu’on ne soit pas complètement certain de la nécessité d’un tel mariage).
le 13/10/2006