Jefre Cantu-Ledesma

Après plusieurs disques sous l’alias Colophon (on avait parlé ici de sa participation à la Tryptich Series de The Music Fellowship) et alors que Tarentel fonctionne encore, Jefre Cantu-Ledesma nous propose à présent un disque sous son nom propre. Proposé en CD-R, limité à 200 exemplaires, ce disque au joli titre oscille entre EP et mini-album (quatre morceaux et trente-sept minutes).

Musicalement, on est bien dans la lignée des récentes productions de Tarentel, à savoir une ambient torturée et minimaliste dans laquelle les textures vrombissent au loin pendant que des bribes de guitares apparaissent épisodiquement au premier plan (Deep Blue Ohio Eyes). Assumant volontiers cette approche ascétique, le musicien états-unien se laisse par moments aller à quelque facilité, laissant sa structure tourner sans véritablement la remettre en question ou apporter une pierre supplémentaire à l’édifice initial (Corridor of Pines). Partant, la double dimension (évocatrice et hypnotique) classiquement conférée à ce genre musical s’étiole au fur et à mesure des dix minutes du titre.

Plus intéressant est le morceau suivant où des petits tapotements sont utilisés en sus de ses nappes opaques d’arrière-plan (White Tailed Deer). En revanche, avec le dernier titre (The Erie Lake), long de dix-huit minutes, on retombe dans les travers décrits plus haut : difficulté à se renouveler, sentiment d’auto-satisfaction émanant d’une musique frisant le repli sur soi, intégration limitée d’éléments "autres". L’ensemble compose donc un disque guère surprenant quand on connaît les affinités et le passé de Jefre Cantu-Ledesma mais qui, précisément, ne transcende jamais cet héritage.

François Bousquet
le 13/12/2006