The Sea

Trois mois après la déception engendrée par Tomorrow Time, troisième album du duo anglais, The Boats reviennent déjà dans l’actualité musicale. Accompagnés d’Elaine Reynolds (qui officiait déjà au chant sur ce disque ainsi que sur le premier des Anglais), Craig Tattersall et Andrew Hargreaves réactivent pour l’occasion la formation The Sea, déjà employée pour remixer Giardini di Mirò.

Nom fort peu éloigné de celui du duo initial, troisième membre déjà habitué du travail avec les deux autres, ambiance musicale extrêmement proche de celle de The Boats : si ce n’était le label (Music Related, structure étatsunienne, à la place de Moteer), on croirait vraiment qu’il ne s’agit là que d’un nouvel album de The Boats. De fait, ici encore, c’est une electronica-acoustique cotonneuse qui est proposée, dans laquelle rien ne heurte l’auditeur et où la moitié des morceaux est bercée par la voix d’Elaine Reynolds. Pourtant, alors qu’on pensait naviguer sur des eaux tranquilles (oh oh !), frôlant parfois même la langueur voire l’ennui, on est plutôt agréablement surpris d’entendre apparaître une batterie réelle puis une autre digitalisée tandis qu’un mélodica drape l’ensemble d’une mélancolie certaine (Kokoo, My Daydream Ran Out Of Time, I Enclose A Gift).

Dès lors, même si on ne s’éloigne guère du style musical initial, on se dirige peu à peu vers quelque chose de moins doucereux, moins propret que ce que The Boats a parfois tendance à proposer ; en témoigne le traitement dont fait l’objet la voix d’Elaine sur A Chapter On Indifference, Or Something Like It. Plus encore, le titre caudal (Inko) et ses onze minutes permettent aux trois Anglais de s’affranchir davantage de leur ligne de conduite première en allant, par la grâce d’un chant plus affirmé et plus libre et d’une instrumentation plus riche, vers des rivages proches d’une post-pop ambitieuse. Voilà donc une belle direction pour The Sea, justifiant ainsi pleinement l’existence même de ce projet parallèle à The Boats.

François Bousquet
le 08/07/2007