02/06/2002
Batofar,
Paris
Batofar / Bo Wiget / Festival Batofar cherche la Suisse / Luigi Archetti / Phroq / Velma
Notre deuxième soirée au festival Batofar cherche la Suisse était aussi la dernière dédiée à la scène musicale helvétique avec les gentils dingues post-rockeux de Velma que nous avions découvert sur scène lors du Mix Move en septembre 2000. De plus cette soirée de clôture était particulièrement riche puisque deux autres artistes se produisaient dans des styles très différents.
On débute avec Luigi Archetti et Bo Wiget, qui sont les premiers artistes non norvégiens à être signés sur le label Rune Grammofon. Après quelques problèmes techniques chacun prendra place de part et d’autre d’une table, l’un avec un violoncelle (Bo Wiget), l’autre avec une guitare (Luigi Archetti), mais tous deux avec chacun un ordinateur. Divers bruitages en guise d’introduction, faisant penser à une roue de carrosse sur une route pavée, quelques grincements réguliers, puis le violoncelle vient en renfort pour une mélodie toute en longueur. Ambient mélancolique et expérimental puisque les bruitages se font de plus en plus durs et présents pendant quelques minutes, leur morceau devenant alors presque bruitiste et tendant vers la musique concrète.
Le violoncelle refait ensuite son apparition de façon moins douce, les sons qui en sortent étants plus grinçants jusqu’à ce que tout s’emballe : vrombissements électroniques, Bo Wiget prend le violoncelle sur ses genoux et passe l’archet dans tous les sens. On a du mal a y croire, ces deux musiciens extrêmement calmes et rigoureux (du moins en apparence) se lâchent complètement pour un passage carrément bruitiste.
Le guitariste prend le relais sans nous convaincre puisqu’il lorgnera un peu trop vers un rock progressif déconcertant et ennuyeux. Passage quelque peu regrettable alors que tout le reste était très intéressant, à mi-chemin entre ambient et musique contemporaine. Ils salueront d’ailleurs le public de façon très classique avant de quitter la scène.
On enchaîne avec Phroq, alias Francisco Meirino, nouvellement signé chez Namskeio. Le programme du Batofar nous avait prévenu : "harsh - digital ambient noise music".
Francisco Meirino a l’air de vouloir détenir le record de décibels et il s’y applique à merveille. On sera surpris dès le début par les sons qu’il crée, et ça façon de travailler (en numérisant tout ce qu’il trouve) à l’air de porter ses fruits. Calme pour commencer avec des petits sons aiguës nous projetant dans un sous-marin avec le bruit du radar. Puis vrombissements et déchirements prennent le relais, et une rythmique se forme avec ces bruits. Phroq gère aussi bien les bruits que les silences, créant une certaine tension dans cette première partie qui n’est qu’une introduction. Tout a coup une épaisse texture se fait entendre : c’est extrêmement violent, dur, comme si on se retrouvait au milieu d’une explosion, d’une éruption volcanique. Absolument extraordinaire.
Mais toute expérience extrême a ses limites et le principe risque de lasser assez rapidement. Ajoutons à cela un niveau sonore tout aussi limite, et nous comprendrons pourquoi le public fuira la cale du Bato petit à petit.
Ce n’est que vers minuit que Velma, également signé chez Namskeio prend place. On retrouve les mêmes énergumènes lookés façon Deschiens pour un premier morceau pop très énergique. Il faut voir Velma sur scène au moins une fois, ne serait-ce que pour leur prestation scénique. Ils semblent tous coincés dans leur petite chemise blanche mais le chanteur bouge maladroitement dans tous les sens dès que la rythmique est assez présente. Puis tels des robots il regardent droit devant eux, sans jamais bouger la tête, les pieds collés au sol.
Après ce premier morceau il resteront là sans bouger pendant 3-4 minutes alors que le public se demande ce qui se passe, et leur demande de continuer.
Mais cette fois leur musique nous décevra un peu. Il est possible que l’heure tardive y soit pour quelque chose, mais c’est aussi certainement du à leur musique extrêmement répétitive, basés sur des petites boucles pop ou post-rock sur lesquels le chanteur pose sa voix douce et fort agréable.
Un groupe qu’il est toujours sympathique de voir sur scène et une soirée qui clôtura magnifiquement ce petit festival.
le 17/06/2002