(Ing-on)
00/11/2006
Electronique

Ambient / Expérimental / Free / Ing-on / Michel Guillet / Musique Concrète
Michel Guillet est un artiste au sens large, et pas seulement un musicien (le terme "artiste sonore" serait d’ailleurs plus approprié). Il est lui-même plasticien et expose régulièrement ses installations (sonores), mais participe également à l’habillage sonore de productions d’autres artistes, ou collabore avec chorégraphes.
Mis à part un titre sur la deuxième compilation du label Vibrö, la discographie de Michel Guillet semble être minimale, et The End Between très certainement le premier album sur un label dont c’est la première référence.
Comment parler du travail d’un artiste dont l’essence même du travail est de brouiller les pistes, et de démanteler les codes. On perd en effet presque tous ses repères à l’écoute de cet album qui pourtant trouve sa source dans des sonorités concrètes que du coup, on cherche à identifier. Quelques instruments servent aussi à créer un squelette basé sur la répétition. Un violoncelle sur Green, une contrebasse sur New Drive, une guitare (Things Talk), ou encore des bleeps électroniques (Skin). Sur cette base, c’est un amoncellement de bruitages qui sont posés, généralement des sons concrets après avoir subit de multiples traitements sonores. Difficiles à décrire puisqu’ils ne ressemblent pas à grand chose si ce n’est de nouveau sons électroniques, ces bruitages participent à cette impression de fourmillements, d’hyperactivité, comme une multitude de micro-organisme en liberté.
Si dans ce style musical les mélodies pourraient avoir qu’une maigre place, Michel Guillet leur accorde un soin tout particulier. En effet en dehors des motifs répétitifs, l’oreille accroche parfois à de subtiles mélodies, comme celles créées par les nappes en flux et reflux de The End Between, par les fragiles larsens grinçants de Another Drive, ou encore les grincements du violon de Seaweeds and Rocks, trois grands moments de l’album ou l’expérimentation semble être au service de l’émotion.
Pour être complet, on notera quelques similitudes sur certains points avec Fennesz (traitement des guitares sur Green), une influence, voire un goût prononcé pour les musiques improvisées dont on se rapproche sur le très free Last, et plus généralement la musique concrète dont Seaweeds and Rocks est l’exemple parfait avec son collage de percussions peut évoquer une scène de ménage avec bris de vaisselle et casseroles.
Artiste exigeant, Michel Guillet produit là un album ambitieux mais qui remplit son objectif. Il ne s’agissait pas là d’habiller une installation et The End Between est bien autre chose qu’une musique pour habiller son intérieur.
le 26/07/2007