(Cajid Media)
00/10/2006
Electronique

Anthea Caddy / Cajid Media / Expérimental / Improvisation / Noise / Thembi Soddell
Cajid Media est un label australien spécialisé dans les musiques expérimentales, sans concessions, entre l’électroacoustique et l’improvisation. Justement cette septième référence de leur catalogue mêle les deux puisqu’il s’agit d’une collaboration entre deux femmes, Anthea Caddy au violoncelle, et Thembi Soddell au sampler, cette dernière ayant déjà produit deux albums solo chez Cajid.
Cette collaboration était a peu près inévitable. Si les deux artistes travaillent avec des instruments différents, elles ont les mêmes préoccupations artistiques : la recherche sur les textures sonores, l’une en produisant directement des sons non conventionnels avec son violoncelle, la seconde en triturant et sculptant la matière sonore afin d’en créer quelque chose de nouveau. Par ailleurs, elles se sont régulièrement croisées sur divers festivals.
Plus concrètement, Anthea Caddy maltraite son violoncelle de diverses manières. Violents coups d’archet, frottement appuyés produisant de graves grincements, sifflements plaintif, cordes pincées, on serait tenté de dire que tout y passe mais elle reste apparemment concentrée sur les cordes alors que le corps de l’instrument pourrait être de la partie. Thembi Soddell retraite les sons produits, mais ajoute également ses propres sources sonores, field recordings, le tout faisant l’objet d’un mixage sans concession et d’un montage incisif. On ne s’amusera pas à compter le nombre de cut up qui, à ce niveau là deviennent un véritable tic. Par ailleurs le son de cet album bénéficie d’une dynamique impressionnante. On devine bien que le passage brutal de quasi silences à des bruits ahurissants est là pour ajouter encore à la dureté du propos, mais il rend l’écoute de l’album réellement difficile car à moins peut-être de l’écouter dans un auditorium, il faudra choisir entre accepter de ne rien entendre pendant des minutes entières, de se faire exploser les oreilles, ou de passer son temps à monter et baisser le volume.
Dommage d’en arriver à de tels extrêmes alors que la composition aurait peut-être suffit à faire passer le message. On ressent parfaitement la violence des coups d’archet sur le violoncelle, des explosions granuleuses ou de souffles et textures grésillantes (limite bruitistes), ou encore l’oppression quand les violoncelles se multiplient dans un brouhaha assourdissant.
Iland est un disque intéressant parce qu’il va déranger l’auditeur, le mettre mal à l’aise physiquement. On se pose alors la question : était-ce nécessaire ? Est-ce que la performance scénique n’est pas plus adaptée à ce genre de travail ?
le 27/07/2007