(C0C0S0L1DC1T1 / Import)
26/03/2007
Electronique

David Kristian est artiste aux multiples facettes, dont il est difficile de suivre les orientations pour qui n’écoute pas chacune de ses sorties. Des périodes breakbeat (collaboration avec Tom "Squarepusher" Jenkinson), electronica mélodique (sorties chez Suction), tendance 80s même lorsque l’on suivait ses titres mensuels téléchargeables gratuitement, flirt avec l’improvisation lors de collaborations avec Shalabi et St-Onge chez Alien8. En solo, ce sont quand même les expérimentations ambient plutôt sombre qui dominent sa discographie, comme ici avec ces histoires de fantômes. Brrrr.....
Autant prévenir tout de suite, ce disque est a réserver aux fans d’ambient hardcore. Ici, pas de jolies nappes soyeuses, pas de field recordings bucoliques. Ses fantômes sont là pour faire peur et c’est plutôt réussi, même si la manière peut paraître parfois un peu facile, comme l’arrivée brutale d’une texture bruitiste sur le neuvième titre. L’album dégage globalement une atmosphère inquiétante, angoissante, limite étouffante. Largement composé de souffles (évoquant la respiration de machines), et textures métalliques (imaginez une barre de fer qu’un inconnu laisserait traîner au sol derrière lui), régulièrement ponctué de percussions toutes aussi métalliques, on se croit généralement en train de se promener dans des couloirs souterrains sombres et moites, le danger pouvant survenir de toute part. Au niveau des moyens d’expression, le Canadien utilise largement les reverb pour créer ses nappes et textures ou donner une impression de choeurs, quelques percussions biens lourdes, petits bruitages (genre maracas) fréquemment utilisés dans les films asiatiques lors de scènes de suspense, des cut up pour l’effet de surprise, quelques montées de nappes bruitistes, ou des percussions mélodiques (xylophone ?) du plus bel effet sur la douzième piste.
Par ailleurs cet album est un tournant important dans la carrière de David Kristian puisqu’il travaillera maintenant exclusivement pour le cinéma. Décision assez radicale, mais cohérente avec son univers musical. Il a ici collaboré en étroite collaboration avec le réalisateur de manga Ryosuke Aoike (Catman, Perestroika) qui produit ici cinq films d’animation qui, comme souvent sur le label C0c0s0l1dc1t1, sont présents sur le DVD. On y retrouve parfois l’univers imaginé à l’écoute du CD (parking souterrain, station de métro), et on découvre d’autres interprétations possibles (mégalopole futuriste surpeuplée d’humains sans vie). Un univers graphique particulier qui traduit assez bien la musique du Canadien.
Ghost Storeys est parfaitement réussi dans la création d’un univers inquiétant et dérangé. Peut-être même trop réussi. Du coup l’auditeur, même intéressé, risque de ne pas y revenir très souvent, à moins que pour faire peur à ses amis et faire quelques bons cauchemars...
le 02/12/2007