03/07/2002
Batofar,
Paris
C’était un peu prévisible, avec Alec Empire à l’affiche, la foule est au rendez-vous et fait la queue à l’entrée du Batofar. A 22h tout le monde est encore dehors et rentrera petit à petit un quart d’heure plus tard. C’est donc dans un bateau bondé que se déroulera la soirée.
Vers 23h, dDamage montera sur scène pour assurer la première partie. C’est donc sous le signe du bruit que l’on naviguera ce soir, aucun des deux groupes présents ce soir ne ménageant nos tympans. On avait découvert dDamage il y a un an environ, lors de la sortie de leur deuxième album chez Noise Museum. Si l’on n’est pas très surpris au début de leur concert en retrouvant leur electro-punk bruitiste aux accents hip-hop, quelques morceaux retiendront notre attention quand une superbe mélodie se fraye un chemin dans ce dédale sonore, ou quand une rythmique plutôt régulière semble se casser la figure, se prendre les pieds dans les fils des machines branchées et perd sa régularité.
En un an les guitares semblent avoir perdu un peu de leur présence. D’ailleurs Jean-Baptiste au chant et guitare rejoint son frère aux machines sur quelques titres. Mais pas de changement au niveau rythmique et basse qui restent énormes. Si l’on devait émettre une réserve, ce serait au niveau du chant qui semblait parfois mal posé (peut-être un problème de balance) ou ne pas apporter de valeur ajoutée sur un titre en particulier.
Reste que le groupe a su évoluer, progresser, tout en gardant leur identité.
25 minutes plus tard, le temps d’installer le matériel et d’attendre que le public s’impatiente, Alec Empire débarque avec un guitariste, un batteur et une jeune femme aux machines, en nombre impressionnant. Dès le début on a le sourire au lèvre : c’est le grand cirque. La nana est soigneusement maquillée façon The Crow, Alec Empire en pantalon de cuir et t-shirt moulant noir pose devant la scène en tenant le micro, avec déjà un air provocateur. Dans le public une nana au fond de la salle lui gueule d’arrêter de faire le beau. Le ton est donné. Tout est dans l’apparence, tout est faux, du cinéma, et Alec est très mauvais acteur.
Problème technique pour commencer, prétexte à balancer un "Do you want some sound on the fucking soundboard ???". Après deux titres il gueule encore, se plaignant des éclairages et semble mécontent. Le public ne réagit peut-être pas assez à son goût. Mais réagir c’est rentrer dans son jeu. Il exige alors des stroboscopes sur tous les morceaux suivants, descend de la scène et vient provoquer, chauffer le public qui pourtant pogotait déjà.
Musicalement, pas grand chose à signaler a part une balance incroyablement propre et équilibrée pour ce genre de musique alors que batterie et guitare auraient pu être un peu au dessus du reste. On a presque l’impression d’écouter un disque. Mais bizarrement le mélange ne se fait quasiment jamais : on assiste plutôt à une alternance de grosses guitares et de rythmes techno-hardcore sautillants.
On restera complètement à côté du truc, et on refusera de rentrer dans son jeu. On préfère de loin les groupes dont la violence est sincère, rebelle et réactionnaire plutôt que les clowns méchants. On sera patient pendant une trentaine de minutes avant d’abandonner le Bato.
le 06/07/2002