Carta

Carta est une nouvelle formation qui s’est créée il y a 4-5 ans autour de Kyle Monday basée à San Francisco. De nombreux mouvements entre les membres de ce groupe en fonction des aléas de la vie, mais on notera tout de même quelques noms afin de situer un peu mieux ce collectif. Tout d’abord Sacha Galvagna qui participait jusque là à Charles Atlas tout comme Jared Matt Greenberg qui ne fait pas officiellement partie de Carta mais qui vient ajouter quelques notes de piano et trompette à cet album. Présent sur 4 titres, on remarquera également la participation d’Alexander Kort au violoncelle, qui joue habituellement dans un tout autre registre en tant que membre de Subtle (Lex Records).

Comme on s’y attendait un peu, Carta navigue dans le sillon de Charles Atlas, mais en mettant en avant la dimension pop de leur musique. Une sorte de post-rock popisant, instrumental, alangui, aux mélodies lentes mais aux sonorités claires, évoquant immobilité et béatitude, rêverie tristoune peut-être aussi sur le Kavan qui sert d’ouverture. Les guitares y ont la part belle bien sûr, mais l’instrumentation s’avère tout de même très riche avec une trompette douce et chaleureuse, un glockenspiel timide, et très souvent un piano se frottant aux guitares (Burning Bridges), ou encore un violoncelle doucement plaintif. Parfois mieux maîtrisé au niveau mélodique, plus contrasté sans pour autant parler de musique expérimentale, Carta produit un chouette post-rock mélodique, qu’il soit posé (South Circular) ou plus enlevé et porté par ses trompettes sur Legomenon.
La dimension pop, on la trouve principalement sur des titres au ton plus léger, qui se déroulent tout seul, de manière un peu linéaire, peut-être un peu facilement sur Larva, ou de façon trop évidente avec l’enchaînement de mouvements calmes et enlevés, comme une suite de couplets/refrains sur Simultane. Le genre de titres sur lesquels l’auditeur risque de s’ennuyer par manque de surprises, ou une impression de répétition trop marquée. Pourtant Carta a trouvé la solution pour remédier à ces petites faiblesses avec la participation absolument géniale de Sarah Bell. Voix riche, haut perchée, fragile et à peine feutrée, elle apporte une certaine magie sur cet unique titre chanté qu’est The Glass Bottom Boat.

Enregistré sur 2005-2006, ce premier album a mis un certain temps à être finalisé et voir le jour. Aujourd’hui Carta se prépare déjà à la suite. Depuis, les choses ont changé, Sarah n’est plus officiellement membre du groupe, mais on espère que Carta saura trouver sa voie, les quelques éléments qui peuvent actuellement leur manquer pour peaufiner leur son. Le talent quant à lui est déjà là.

Fabrice ALLARD
le 16/01/2008