Jessica Pavone

Jessica Pavone est une altiste new-yorkaise proche des scènes du jazz et de l’improvisation. Les amateurs du genre ont pu la croiser aux côtés de la guitariste Mary Halvorson, le sextet d’Anthony Braxton, ou un peu plus proche de nous avec David Grubbs. Elle est ici en solo avec son instrument de prédilection pour trois pièces d’environ 7 minutes.

Les trois morceaux s’intitulent respectivement Walking, Sleeping et Breathing, illustrant chacune de ses trois fonctions vitales par trois manières différentes d’aborder son instrument. On commence par Walking qui s’avère assez figuratif. Les cordes sont lentement pincées, et on imagine cette musique en accompagnement d’un dessin animé, un personnage faisant ses premiers pas et se cassant la figure. Importance des silences mais aussi des effets de syncope et autres triturages électroniques produits par Matt Bauder. Vivant, presque ludique, on pense parfois à une musique japonaise jouée au koto.
Avec Sleeping, on se rapproche de ce que l’on est en droit d’attendre quand on parle violon et improvisation. Apparition du plus classique jeu à l’archet alternant avec de micro pincements de cordes, changements de tempo pour s’envoler vers des élucubrations ou répétitions mélodiques, frottements et grincements. Une recherche d’abstraction illustrant à merveille la richesse et l’incohérence apparente des rêves.
On terminera avec Breathing où l’improvisation reste de mise, mais dans un esprit beaucoup plus rock. On frôle le bruitisme avec crissements aigus et saturation.

Un joli travail dans lequel l’artiste pousse son instrument dans ses derniers retranchements. Une démarche qui n’est pas sans rappeler ce que fait Zeena Parkins avec ses harpes.

Fabrice ALLARD
le 06/03/2008