22/03/2008
Petrol,
Anvers
Kelpe / Petrol / Red Snapper
Le festival musical urbain Dissonant, disséminé dans plusieurs lieux anversois, offrait en ce samedi soir post-printanier et pré-pascal deux programmes de choix : côté "new wave" (si l’on peut dire), Project Pitchfork, Neon Judgement et Red Zebra au Hof Ter Lo ; côté électro, le retour immanquable de Red Snapper, accompagnés de Kelpe, au Petrol. C’est de ce dernier côté que nos roues nous ont conduit, dans cette salle alliant tendance clubbing et programmation ambitieuse qui la veille proposait déjà un live de Fairmont - l’une des révélations minimal de 2007 avec son album Coloured in Memory - suivi d’un dj set long de 3 heures de son patron de label, James Holden.
Le line-up de ce soir avait de quoi surprendre. Nous passerons discrètement sur la prestation du dj du soir et reconnaîtrons sans honte qu’à 2h30, nous avons entamé les 130 km nous séparant du bercail sans attendre Dada Life (duo tech-house suédois ayant sorti depuis 2 ans une poignée de 12" sur autant de petites structures) et The Subs, trio belge électro-techno-rock auteur de 5 12" pour la plupart sur le label compatriote Lektroluv. A voir les kids composant l’assistance, on se demandait comment serait ressentie l’electronica mélodique mutine de Kelpe et le post-jazz électronique des vétérans anglais, car leurs ingrédients ne sont pas de ceux auxquels pareil public est accoutumé.
Nous avons déjà eu ici l’occasion de dire tout le bien que nous pensons du premier album de Kel McKeown, aka Kelpe, et du concert qu’il donna à Eindhoven il y a 2 ans. Depuis lors, outre 2 maxis 4 titres, l’Anglais vient de sortir son 2e album Ex-Aquarium (toujours chez DC Recordings) qui marque une certaine inflexion de style : à l’electronica légère et ouatée du premier opus font place des compositions plus rythmées, hachées, toujours empreintes d’une belle âme électronique mais lorgnant plus vers les sautillements hip-hop que vers les nappes diaphanes. Logiquement, le set de ce soir a été à l’image des derniers travaux de son auteur : très (trop) fracturé, bidouillé, trituré et donc, en dépit d’une palette sonore très plaisante, moins jouissif d’un pur point de vue mélodique. Un set court (45 minutes) qui laissa une impression mitigée.
Il était alors plus que temps que s’ouvre le rideau noir séparant la salle en deux pour que le public puisse s’approcher de la grande scène où apparurent Ali Friend (le blond contrebassiste leader du groupe et amateur de whisky, dont il échangea en cours de set une lampée contre une sucette auprès d’un spectateur...), l’excellent batteur Richard Thair et le guitariste David Ayers, accompagnés d’un jeune saxophoniste impressionnant, nouvelle recrue. On avait en effet laissé le combo début 2003 avec leur album éponyme et l’opus de remixes Redone, mais depuis quelques mois, ils renaissent et reviennent pour (on les cite) "continuer leur impitoyable quête du vrai fuckoffjazz" en nous promettant prochainement un nouvel album. A en juger par les nouveaux morceaux entendus ce soir, puissants et subtils, ils n’ont rien perdu de leur verve.
Ce fut un réel bonheur de retrouver intacte une formation originale et enthousiasmante qui contribua, au fil de disques mémorables comme Prince Blimey ou Making Bones pour ne citer qu’eux, à développer un son unique charpenté autour d’une contrebasse emblématique et d’une batterie fulgurante. Le set fut très équilibré, alliant nouvelles compos et anciens hymnes, envolées rythmées et passages laidback tout en souplesse. Une excellente prestation de musiciens uniques et captivants, sur laquelle nous avons sans regrets rendu la salle aux jeunes clubbers.
le 25/03/2008