Knead - Jojo Hiroshige

 date du concert

12/07/2002

 salle

Heaven’s Door,
Tokyo

 tags

Heaven’s Door / Keiji Haino / Knead

 liens

Keiji Haino

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Comme beaucoup de salles de concert à Tokyo, l’Heaven’s Door se trouve au sous-sol d’un immeuble. On commence donc par descendre un escalier étroit pour arriver dans une petite salle (plus petite que les Instants Chavirés, pour comparaison) aux murs noirs sur lesquels figurent des Mickeys à nez de cochon et au regard satanique (!).

On ne savait pas qui jouait en première partie de Knead, et on a la bonne surprise de voir qu’il s’agit de Jojo Hiroshige, patron du label Alchemy, dont le catalogue s’apparente à un who’s who de la noise japonaise, de Merzbow a Incapacitants, en passant par Masonna et Omoide Hatoba.
Il commence son concert assis, avec une guitare sur les genoux, et part dans un drone calme et mélodique. Mais la musique devient vite plus heurtée, avec des larsens et des effets qui se croisent. Etonnamment, cela nous fait penser aux sons que produit Christian Fennesz à la guitare, avant qu’il ne les retraite par ordinateur. Mais ici, Hiroshige n’utilise que sa guitare et quelques pédales d’effet pour le mélange de ces bruits. Après deux ou trois morceaux, il se met également à chanter, d’une voix caverneuse, une longue plainte grave qui associée à la guitare évoquent des musiques industrielles. Il s’agite de plus en plus, secouant sa guitare, et criant presque quand il achève son concert.

Le deuxième groupe de la soirée est 54-71, on ne s’attardera pas trop dessus, ne comprenant pas trop leur présence ce soir (enfin parait-il qu’ils jouent très souvent ces derniers temps). La référence qui nous vient à l’esprit est Fun Lovin Criminals ou Rage Against The Machine, joué au ralenti, mais on imagine qu’il y a tout un pan de la musique américaine de ces dernières années qui nous a échappé, et auquel on pourrait rattacher ce groupe.

Après cet interlude, c’est au tour de Knead de jouer. Sur le papier, cela tient du super-groupe : l’association de Keiji Haino avec Hisashi Sasaki et Yoshida Tatsuya, soit le duo basse/batterie des Ruins. Au début notre premier réflexe est de retrouver ce qu’on apprécie chez chacune des parties : le chant douloureux et les larsens de Haino, et le son puissant des improvisations des Ruins. Et puis on s’aperçoit qu’il y a bien plus que cela. Ce trio est bien plus excitant que Haino en solo se livrant à des études sur le son pendant deux heures par exemple. Chaque musicien se lance dans des compétitions de rythme effréné et virages brusques, en répondant aux idées des deux autres, mélangeant les rôles : chacun chante ou crie, basse et batterie ne sont surtout pas là pour simplement assurer la rythmique, mais guident souvent tout le groupe. Visuellement, l’éclairage est réduit au minimum, deux projecteurs verts éclairant derrière les guitaristes, dont on ne voit plus que les silhouettes se détacher sur le fond de la scène, rendant plus imprévisibles encore les éruptions musicales qui surgissent sans arrêt.

Bertrand Le Saux, Soizig Le Calvez
le 08/08/2002

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