(Central Control International / La Baleine)
00/09/2007
Rock
Expérimental / Industriel / Jazz / Post-Rock

Central Control International / Expérimental / Industriel / Jazz / Post-Rock / Strings of Consciousness
Après deux titres sur la 8eme compilation BiP_HOp Generation, voici le très attendu album de Strings of Consciousness, une formation hors du commun pour une musique qui ne l’est pas moins. La formation regroupe dix musiciens, parmis lesquels on retrouve Philippe Petit (responsable du label BiP_HOp) et Andy Diagram (trompetiste au sein de Pere Ubu et Spaceheads). En dehors de ces musiciens, de nombreuses voix sont conviées et là aussi c’est un véritable défilé avec entre autres J.G. Thirlwell (Foetus), Scott McCloud (Girls Against Boys), Barry Adamson ou encore Black Sifichi. Autant de noms, autant d’influences, et donc l’inconnu lorsque l’on met le disque sur la platine.
Musicalement, on est véritablement dans une fusion de rock et d’électronique, les instruments acoustiques sont dominants (guitares, basse, violoncelle, harpe, trompette et saxophone), mais l’électronique semble au final omniprésente au niveau de la production, des rythmiques et sonorités d’ambiance, textures. Par ailleurs ce croisement des genres ajouté aux voix généralement utilisées façon spoken word orientent ce projet vers la musique de film, Our Moon is Full donnant l’impression d’être la bande son d’un film noir, avec ses tensions, mais aussi ses errances de héros solitaires. Richesse musicale liée au nombre d’intervenant, la musique de Strings of Consciousness peut paraître parfois complexe, à l’image du Asphodel qui ouvre le disque, densité des expérimentations électroniques façon musique concrète, mais avec des mélodies assez évidentes, un chant pop feutré, la voix nasillarde de Thirlwell sur la fin et au final une petite pensée pour les Legendary Pink Dots. On enchaîne avec la rythmique martiale, les guitares rugissantes, la voix profonde, et le vibraphone contrastant sur l’extrêmement répétitif Crystallize It, et on s’attardera sur le cinématographique et sublime Cleanliness is Next to Godliness : mélodie évanescente de saxophone, guitares éparses, grincements d’archets pour une lente montée, et la voix à la fois feutrée et usée de Eugene Robinson dans un véritable jeu de comédien jusqu’à l’explosion avec rythmique technoide, et ambiance dark clubbing.
La deuxième moitié de l’album change un peu de ton. Plus lumineuse, elle débute par un court mais magnifique duo harpe/voix (Defrost_Oven) et se prolonge par le piano d’intro de While the Sun Burns Out Another Sun. En apesanteur, notes de guitare étincelantes, voix profonde de Black Sifichi, on ne peut s’empêcher de penser à cette scène de Blade Runner, avec Rick Deckard, le héros solitaire dont on parlait un peu plus haut, seul à son balcon, la ville éclairée à ses pieds. Ces derniers titres se rapprochent plus d’un certain post-rock langoureux, guitares mélodiques et violoncelle, voix samplées, avec petit à petit un son qui se durcit, des guitares qui se font plus incisives (In Between). Que ce soit de par la voix ou la musique (Midnight Moonbeams), on pense parfois au travail de Rodolphe Burger.
Grosse surprise donc que ce premier album, un projet ambitieux qui dépasse de loin nos expérances, certainement un disque important.
le 20/04/2008