Amp

Nous avions déjà parlé du label RROOPP lors de leur première sortie, le triple CD de Yellow6, The Beautiful Season Has Past. C’est un an plus tard que sortait la deuxième production du label en reprenant le même principe, à savoir un digipack de trois CD censés documenter, rassembler, archiver des morceaux oubliés, disparus, rares, et mêmes inédits.

Après Yellow6, c’est donc au tour du trop méconnu projet Amp de se faire compiler. N’ayant que très peu parlé de cette formation sur ces pages, nous allons profiter de ce disque pour remettre les choses à plat. Amp est le projet que mène Richard Walker depuis 1991, peut-être plus connu depuis sous le nom de Richard Amp. En 1992 il sort ses premiers travaux sur la cassette Green Sky Blue Tree dont on retrouve ici un magnifique extrait, le très éthéré et bucolique There She Goes avec piano, flûte (jouée par Ray Dickaty de Moonshake) et la mystérieuse Jo à la voix. Ce n’est que deux ans plus tard que Amp trouve son format définitif en tant que duo avec la Française Karine Charff, et la participation assez régulière d’amis qui vont nous aider à faire quelques connexions puisque ce sont notamment Matt Elliott (Flying Saucer Attack, Movietone et plus tard Third Eye Foundation) et Matt Jones (Crescent, Movietone) qui viendront prêter main forte sur le premier 7" de Amp et première sortie de Linda’s Strange Vacation, Remember ? / Get There, deux titres que l’on retrouve également sur cette compilation.

Difficile de parler d’une manière exhaustive de ce coffret qui couvre près de 15 ans de productions, allant d’une ambient expérimentale à une pop éthérée façon Cocteau Twins quand la voix de Karine est un peu brouillée et noyée dans les guitares. De part la nature de ce coffret, on insistera ici sur quelques pièces qui justifieront à elles seules l’achat de l’objet auprès des fans collectionneurs. Hormis les raretés et vieilleries qui ont déjà pu être rééditées grâce au CD-R ou même directement en MP3 sur le site du groupe, le label joint ici de nombreux inédits, à commencer par Sketch a Star qui ouvre le premier CD et qui avait toujours été prévu comme pièce d’introduction d’un album à venir. On rentre alors dans l’univers de Amp par la facette qui nous intéresse le plus avec ses nappes de guitares saturées. Sur ce premier CD on retiendra également A Small Light, premier titre composé avec Marc Challans, membre du groupe Fraud avec qui Amp collaborera régulièrement entre 2001 et 2004 et deux titres jusque là uniquement disponibles sur des compilations, dont le très prog-rock Fine Day avec le chant en français de Karine.

Sur le 2eme CD, toujours quelques inédits, et plein de petites choses que l’on apprend sur certains titres initialement prévus pour tel ou tel album et finalement rejetés (Miles’N) ou édités plus tard sur des compilations (Standing in the Darkest Corner of the Room, Left It (Too Late)). Ici on retiendra surtout deux titres. Le Revenant tout d’abord, post-pop à base de piano et nappes de guitare, avec voix plaintive de Karine. Ce titre sera ensuite revu par Robert Hampson (Main) à la production et sortira avec le titre Songe sur l’album Stenorette en 1998. Deux autres titres (Je Veux et Untitled Demo (Demo of Tomorrow)), présents sur le 3eme CD sont également des versions antérieures à la production de Stenorette. Autre pièce exceptionnelle, Baudelaire aurait du être l’un des morceaux d’un EP ne comprenant que des poèmes de Charles Baudelaire mis en musique. Le projet ne verra jamais le jour, laissant ce titre à la voix fantomatique à l’abandon.
On terminera avec le 3eme CD qui s’ouvre avec Ombres, composé conjointement par Amp et Third Eye Foundation en 1996. Autre document intéressant, Moon Tree est le morceau le plus ancien puisque composé entre 1990 et 1991 avec Dave Pearce (Flying Saucer Attack). Purement instrumental, ambient mêlant électronique et guitares, le son de Amp est déjà là. Histoire de remonter encore un peu plus loin, on parcourt ensuite quelques influences potentielles de Amp avec des reprises de Silver Apples et Spacemen 3. Les surprises ne sont pas en reste avec notamment le très enlevé Watchin’ édité sur une compilation japonaise, et le très free Wild Wine Gaze, enregistré dans une chapelle quelque part en France en 2001, et mixé en 2006 spécifiquement pour cette compilation.

Encore une fois on saluera le travail effectué par le label RROOPP qui nous sort là une compilation de grande qualité, avec un véritable effort documentaire, et de nombreuses informations sur l’histoire de chaque morceau. Par ailleurs les trois CD sont véritablement pleins (72 minutes chacun) et font de cette compilation le genre d’objet à la fois indispensable pour les fans de Amp, mais aussi le parfait point d’entrée pour découvrir le groupe, permettant d’avoir une vue d’ensemble de leur travail.

Fabrice ALLARD
le 26/04/2008