28/03/2008
Maison de la Radio et de la Musique,
Paris
Al Margolis / Festival Présences Électronique 2008 / Kaffe Matthews / Maison de la Radio et de la Musique / Michel Guillet / Portradium
Deuxième soirée du festival Présences Électronique, et la première chose que l’on remarque, c’est qu’il n’y a pas foule ce soir. Au parterre, l’ilôt des spectateurs est entouré d’une mer de fauteuils vides. Pourtant il y a de belles choses au programme ce soir, mais peut-être pas une tête d’affiche comme le fut Émilie Simon dans une précédente édition (privilégier une sélection pointue au remplissage a au moins un effet positif : cela évite à l’armée de fans venus voir leur star d’être déçus par tous les autres musiciens).
Comme chaque soir, on commence par une projection sonore d’oeuvres d’une des grandes figures du GRM, apte au rang de père fondateur dans l’histoire de la musique électronique que le même GRM essaie d’écrire (ou de ré-écrire). Jean-Claude Risset, physicien et musicien, a travaillé sur la synthèse sonore et a été un pionner de l’informatique musicale. On n’est pourtant pas transporté par ce qu’on entend : des sons oui, mais ont-ils un intérêt autre qu’historique ? On reste dubitatif.
C’est ensuite Michel Guillet qui prend place. Avec une table de mixage, il sculpte la matière sonore et taille dans un mur de bruit. A notre avis, il aurait pu dégrossir encore, et pas qu’un peu. C’est bien beau d’aller dans le domaine de l’art, de magnifier le concept, mais est-ce qu’à un moment du processus de création il a écouté et aimé ce qu’il entendait ? On espère quand même pour lui (hein ?) mais pour notre part nous décidâmes de militer pour le retour des oreilles dans la musique.
Ça tombait bien, nos revendications ont été entendues, car c’était au tour de PortRadium de jouer. On est loin de l’écueil du musicien électronique qui explore un nouveau joujou qu’il vient d’acquérir, et finalement reste prisonnier de son instrument. Au contraire, PortRadium donne l’impression de tester des sons, des structures (on dirait bien "expérimenter", mais ce mot a perdu son premier sens et n’évoque plus que ses connotations), et quand un truc lui plaît, il le garde, le peaufine pour lui donner exactement la forme qu’il veut. Alors bien sûr ici encore il y a des grains de bruit dans la texture sonore, ça grésille, ça chatouille, et finalement ca contribue à un plaisir fondamental de l’audition : découvrir une structure dans une masse de sons.
Kaffe Matthews est installée au centre de la scène, devant son laptop. Après un faux départ (qui avait l’air de la déranger, mais on n’aurait pas remarqué le reboot sans sa mine désappointée), elle joue sur les sons, les faisant circuler d’un haut-parleur à l’autre. On retrouve l’amour des sons, cette volonté de les mettre à jour qu’il y avait dans l’oeuvre de Risset au début de la soirée, mais avec une approche plus ludique.
Tout de suite après Al Margolis propose un capharnaüm de samples et de bruits mixés. Heureusement qu’il est arrivé car on commençait à se demander si on était encore capable d’apprécier un musicien dont on ne connaissait pas la production auparavant. Même s’il est bien plus bruyant, on établirait bien un parallèle avec Pauline Oliveros pour cette capacité qu’il a à composer une musique compliquée (ici des fragments d’enregistrements juxtaposés, comme les notes de la musique pseudo-atonale d’Oliveros) et à obtenir un résultat si doux à l’oreille, que pas un ne remarquerait en fond sonore dans un ascenseur ou un bar à la mode.
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le 01/05/2008