(Kvitnu / Import)
09/06/2008
Electronique

Electronica / Expérimental / Kotra / Kvitnu / Noise
Si nous avons déjà parlé de Kotra au travers de quelques collaborations (avec Zavoloka ou Andrey Kiritchenko), nous n’avons jamais vraiment parlé de son travail en solo malgré quelques albums parus chez Nexsound. Nous le citons par contre régulièrement en tant que boss du label Kvitnu chez qui sort logiquement ce nouvel album, cinquième référence du label si l’on omet une compilation sampler.
Manque de temps, ou véritablement trop extrême pour nous motiver à en parler, nous avions fait l’impasse sur Dissilient, paru en 2004 et qui était jusque là le dernier véritable album de Kotra (hors CD-R). Il s’agissait alors d’une musique noise assez radicale. Avec Reset, l’Ukrainien Dmytro Fedorenko ajoute à sa musique un certain jeu de construction/déconstruction lui conférant presque un aspect ludique (on s’amuse comme on peut !). Par ailleurs, la présence régulière d’une guitare basse tend à réorienter la musique de Kotra vers un style plus rock et lourd, même si la reste de l’instrumentation est purement électronique. Une électronique pure, radicale, sans concession, assez typique d’une certaine école russo-scandinave, avec ses sinusoïdes joliment dessinées et ces vrombissements industriels.
Ici, pas de textures bruitistes et d’enchevêtrement sonores. Chaque source sonore est isolée et bien distincte, avec très régulièrement un fort contraste entre des basses profondes et sourdes et des sifflements stridents. Les boucles sont légion, hypnotiques, variant lentement au grès de filtres venant souvent salir le son. Passé le chaos des premiers morceaux avec fractures ou martèlements rythmiques, mélodies abstraites, répétitions mécaniques et sifflements agressifs, Kotra trouve un subtile équilibre en milieu d’album avec deux titres qui forment un parfait équilibre entre composition electronica et sonorités bruitistes. Ca commence en fait avec Burshtyn qui nous rappelle un peu le travail de Pan Sonic, puis c’est un subtile mélange de fractures et saturation qui opère sur Vilna Struktura et Strip Puncture, construisant des grooves improbables, étonnants.
Dans cet univers ou tout est à réinventer, à ’Reseter’, les interludes qui sont habituellement des moments de pause sont ici des agressions de sifflements stridents (In Strict Sense, Zriz, Zeroth), et il faudra attendre les dernières pistes pour retrouver un semblant d’accalmie. On se rapproche du drone, certes nerveux, et les contrastes sonores sont moins violent sur le très sombre et sourd Ideal Theories.
On n’ira pas jusqu’à conseiller cet album à tout le monde, mais les amateurs de Pan Sonic qui n’ont rien contre un petit supplément d’abstraction ou de bruitisme devraient y trouver leur compte. On ajoutera un petit mot sur le packaging encore une fois somptueux, entièrement blanc mais imprimé en brillant sur mat, et titre de l’album légèrement bosselé.
le 03/08/2008