(Stilll / Differ-ant)
15/10/2007
Rock

De Portables / Folk / Indie / Post-Rock / Stilll
Si Babils est une découverte, De Portables en revanche est déjà bien installé dans le paysage musical belge. Le quatuor gantois, abrité surtout jusqu’ici par l’écurie K-raa-K, sort chez Stilll son cinquième album qui fut suivi cette année du (long) EP Vegetarian Barbecue. Dans ce disque foisonnant dont la genèse prit presque cinq ans, ils témoignent d’une inspiration sans faille en convoquant une multitude de styles musicaux. Au final, ce long et dense voyage ne lasse à aucun instant mais s’avère composé d’ingrédients un peu trop disparates qui peuvent déconcerter et empêcher de discerner le fil directeur de l’oeuvre.
Cela commence par deux longues et belles pièces de post-rock/ambient éthérées, denses et hypnotiques, Col Phillins et Superdedubber, dont les paysages évoquent les couleurs distillées par le label de référence qu’est Kranky. On se dit alors que le disque va se révéler discret, allusif, presque impalpable, fait de plages évocatrices qui vont nous envelopper littéralement et nous attirer à elles. Mais l’on est ensuite confronté à des morceaux plus brefs, en forme de pop ou folk songs plus ou moins entraînantes, douces ou énergiques : Bulletbabe, l’enjoué indie-rock Vegetarian BBQ, le stereolabien hit single This is a song, le primesautier Autist redding, les psyché-pop sixties In the zoo there’s a coo et Plankier. C’est au milieu du disque qu’est logée sa perle : Haut gay qui, en plus de 10 minutes, nous propulse de nappes ambient à une superbe mélodie synth-pop en passant par la case "perfect pop song", pour s’envoler vers un climax electronica organique évoquant, en France, M83, Cyann & Ben ou Mils. Splendide morceau évolutif, ample et prenant.
L’album se clôt en empruntant encore une autre direction : Triportit nous entraîne vers une sorte de bossa-pop californienne et estivale très plaisante. La seconde partie du titre propose 14 minutes de bruitages variés, amusants mais dispensables : pendant que la pluie tombe apparaissent tour à tour un avion, des aboiements, du ping pong, des sirènes, des bêlements, feulements et autres crissements de pneus, du bois que l’on scie, etc. Cet épilogue accentue l’ambiance composite et presque mystérieuse qui se dégage de ce disque incontestablement riche, oeuvre de quatre musiciens talentueux et inspirés qui font preuve de maturité et de profondeur mais n’évitent pas l’écueil d’un relatif manque de cohérence. Qu’importe, l’auditeur sera certainement comblé par la brillance des pièces ici rassemblées.
le 15/08/2008