Toshinori Kondo

Si le très réussi Beware Of The Cat de Don Shtone, la troisième sortie du label Off, petit frère de Stilll, offrait un électro-jazz diversifié, la parution suivante de la structure bruxelloise présente un visage nettement plus dépouillé et ascétique. Toshinori Kondo est actif depuis la fin des années 70 et a accompagné de sa trompette électrique de nombreux artistes, parmi lesquels Bill Laswell, John Zorn, Derek Bailey, Herbie Hancock, Peter Brötzmann ou DJ Krush. Après avoir été la tête pensante du groupe IMA (International Music Activities) entre 1984 et 1993, il partage aujourd’hui sa vie entre Tokyo et Amsterdam, participe à de nombreux projets musicaux, politiques ou environnementaux et cherche en permanence à collaborer avec différents artistes de tous styles et à expérimenter des territoires sonores inédits.

Silent Melodies pourra sembler déconcertant, voire rebutant, à ceux qui sont a priori réfractaires au jazz pur ou à la musique expérimentale. En 12 plages et 48 minutes, il offre un seul ingrédient : la trompette électrique de M. Kondo. C’est, nous apprend la bio, la première fois que ce dernier propose un disque de ce type. Mais quel ingrédient, et employé de quelle manière, avec quelle maestria, pour diffuser une telle chaleur, une telle émotion vibrante et plaintive (Song for the small planet, Moon cloud)... Un vrai disque de soliste virtuose, qui a certainement su faire évoluer son instrument et son jeu au fil des années et qui n’est pas sans évoquer par moments, dans certaines inflexions du souffle, le grand, le très grand Miles Davis de, par exemple, Ascenseur pour l’Echafaud.

Parvenant à tirer de son seul instrument des sonorités poignantes, complexes et variées (Stars night), Toshinori Kondo nous offre ici un très bel échantillon de sa pertinence et de sa puissance évocatrice.

Gilles Genicot
le 17/08/2008