16/10/2008
Instants Chavirés,
Montreuil
Étrangement, c’est surtout pour Naing Naing que l’on faisait le déplacement ce soir, afin de voir en live cet artiste dont nous parlions déjà en 2004. Ce sera par la même l’occasion de découvrir Pak et Stig Noise, deux formations originales.
C’est Naing Naing qui a la lourde tâche d’ouvrir la soirée avec en prime un problème technique retord. Timing calibré au plus juste pour les trois groupes et voici François l’Homer pris par le temps alors qu’il ne bénéficiait que de 30 mn. On est d’abord un peu surpris de le voir à la guitare alors que sa musique est principalement basée sûr des samples, mais ceux-ci se déclenchent en fait à chaque fois qu’il gratte son instrument, donnant à ce concert un charme particulier. L’artiste est partagé entre la nécessité de faire vite et l’envie de partager sa musique, prenant donc le temps d’expliquer la création de chaque morceau, l’origine des samples souvent transformés. Au final le concert laisse une impression mitigée, ne rendant pas forcément une impression juste de ses enregistrements, tout en étant bien conscient que les conditions étaient cette fois particulièrement difficiles.
L’enchaînement avec Stig Noise Sound System est assez rapide, et c’est sans crier gare que la formation de Liverpool débute son set. Collectif à géométrie variable, Stig Noise étaient présents ce soir à cinq, avec batterie, basse, platines, trompette et guitare/chant, quelques uns opérant des changements en cours de set, s’appropriant un mélodica ou une deuxième batterie. Comme on s’en doutait avant même d’avoir écouté Stig Noise, cette formation fait preuve d’une énergie débridée incarnée par son leader guitariste et chanteur, criant dans son micro et cherchant l’interaction avec les autres membres du groupe. Le batteur tape fort, c’est parfois assez sauvage, le bassiste fait très sage, quelques samples et scratchs sortent des platines, et on se rendra compte que c’est souvent la trompette qui apporte une tonalité originale, lorgnant vers une fanfare décadente. La rage est bien là, toujours latente puis explosant lorsque le chanteur fracassera sa guitare sur le bord de la scène, un peu l’apogée du concert puisque les quelques morceaux à venir nous paraîtront plus posés, plus construits. C’est aussi à ce moment que les musiciens changeront un peu de rôle, le trompettiste passant à la grosse caisse, le platiniste au mélodica, et le guitariste-chanteur-leader prendra place à une deuxième batterie située bas de la scène, communiquant son énergie au public qui l’entoure.
Même si ce n’est pas forcément notre style de prédilection, Stig Noise Sound System est parvenu à nous convaincre, par son énergie, son mélange des genres.
C’est vers 22h15 que Pak prend place. Il s’agit d’un trio mené par l’hyper productif Ron Anderson. Après Rat At Rat R, The Molecules, des collaborations avec Ulan Bator, le batteur Yoshida Tatsuya (Acid Mothers Temple, Ruins), ou encore jouant en concert au sein de Guapo, Ron Anderson est accompagné ici de Keith Abrams à la batterie et Tim Byrnes au clavier et à la trompette pour cette première date de leur tournée européenne. L’Américain commence par une note d’humour, annonçant qu’il est désolé que son pays soit responsable de la crise financière mondiale, tout ça "because we are assholes !!".
Au niveau énergie, on reste dans la lignée de cette soirée avec un jeu tendu, structuré autour d’une batterie sèche, d’un jeu de basse cassant et d’un clavier free, pour un résultat que l’on qualifierait de croisement entre math rock et jazz avec une énergie punk. Comme pour Stig Noise Sound System, la trompette apporte une teinte inattendue, des mélodies chaleureuses à une musique déjà riche en couleurs. A vrai dire on était un peu en admiration devant cette formation manifestement heureuse d’être là. On repartira même avec leur dernière production afin de découvrir la musique de Pak sur disque.
le 26/10/2008