du 09/10/2008 au 09/11/2008
Vitrine de l’ENSAPC,
Paris
À mi-chemin entre mini-centre d’art (espace lié à une institution, absence de démarche marchande) et galerie (nombre réduit d’œuvres présentées, surface limitée à une pièce unique, courte durée de l’exposition), la Vitrine de l’École supérieure d’arts Paris-Cergy permet, à un jet de pierre de la rue Oberkampf, de régulièrement découvrir de jeunes artistes, diplômés ou non de l’école. Précisément, en cette rentrée, c’est Cyrille Maillot, repéré dans quelques expositions collectives et ayant fait ses études artistiques à Montpellier, qui se voit offrir une monographie.
La demi-douzaine d’œuvres exposées traduit avec intelligence la volonté de réappropriation et de magnification de l’espace urbain par le plasticien. On passe ainsi d’une barrière de protection (Proposition pour scénario de révolution) à un mur lézardé à la suite d’un choc (Impact), d’une bouche d’égout (Échappée belle) à un tube néon (Lumière noire) et au sol de la Vitrine parsemé de diapositives (Exécution). Jamais dupe de sa propre démarche, repoussant tout caractère factice, cette magnification fait le choix de conserver les différentes « imperfections » des matériaux initiaux : mégots autour de la bouche d’égout, craquèlement de la peinture noire du néon, traces visibles de la découpe des fissures du mur.
Dès lors, les pièces de Cyrille Maillot fonctionnent à deux niveaux. Elles se font aussi performantes dans la satisfaction immédiate (la barrière défaite de ses barreaux, le mur traversé de fêlures, les diapositives jonchant le sol, le néon peint) que dans une approche plus réflexive : les fissures du mur laissent entrevoir un miroir, les diapositives couvrent des trous faits à même le sol et les barreaux de la barrière sont disposés en tas et se transforment en barres à mines, prêtes à servir aux révolutionnaires convoqués par le titre de cette œuvre. Le jeune Français entreprend alors de déconnecter la perception du sujet de son utilité première, et même d’aller au-delà de la technique du ready-made, comme le suggère l’intitulé de l’exposition. La fonctionnalité de ces objets laisse ainsi place à l’imaginaire et aux interrogations multiples : la révolution promise aura-t-elle lieu ? qu’y a-t-il sous la bouche d’égout ? le mur va-t-il continuer à se lézarder ? d’où provient le puissant jet d’air d’I don’t agree qui surprend le spectateur qui passe devant ? Cette belle exposition, première d’une carrière qu’on suivra avec attention, questionne donc autant qu’elle ravit.
le 27/10/2008