Benge

Plus d’un an après le dernier album publié par la structure londonienne, c’est avec un nouveau long-format de Benge qu’Expanding Records refait surface. Album concept que ce Twenty Systems puisqu’il s’agit, en vingt pistes plutôt courtes (trois minutes de moyenne), de présenter vingt synthétiseurs différents, un par année de 1968 à 1988. Dans un esprit didactique, le disque est accompagné d’un livret cartonné de 52 pages (œuvre de Robin Rimbaud) détaillant les caractéristiques de chaque synthétiseur tandis que les morceaux portent le nom de l’instrument ayant été utilisé pour chacun et l’année correspondante (utilisation unique et solitaire d’ailleurs, Ben Edwards indiquant n’avoir employé aucun autre effet ou appareil en dehors de ces synthétiseurs).

Ces postulats posés, il est temps de s’intéresser à l’aspect purement musical de l’album qui dépare au sein de la discographie de l’Anglais, plus habitué à des compositions traçant des lignes chaleureuses aux mélodies claires. Ce renouvellement se manifeste dans une approche plus ascétique des arrangements, découlant de cette utilisation d’un seul instrument par titre, qui conduit Benge à davantage travailler sur les potentialités offertes par tel ou tel synthétiseur, dans une optique quasi archéologique, plutôt que de s’attacher à développer une partition mélodique particulière ou à mettre en place des rythmiques savamment agencées.

Quelques morceaux cependant proposent une combinaison de véritables velléités mélodiques et/ou rythmiques : 1972 Serge Modular (ritournelle légère), 1973 Roland SH2000 (mélodie mi-robotique, mi-primesautière), 1975 Moog Polymoog (mélancolie portée en sautoir), 1979 Korg Lambda (ambient joliment chromatique), 1982 PPG Wave (fond mélodique grésillant mêlé à des notes plus détachées) ou 1985 Yamaha CX5M (à mi-chemin entre electronica et IDM). À côté de ceux-ci, il convient donc de prendre Twenty Systems pour ce qu’il est : un disque-témoin, symbole aussi bien de l’évolution des techniques que de la permanence de certaines sonorités.

François Bousquet
le 10/12/2008