CHEjU

2008 avait vu Wil Bolton se consacrer à ses projets en duo, ces pages ayant pu rendre compte des disques de Biotron Shelf et Anzio Green. 2009 permet à l’Anglais de reprendre pleinement langue avec son projet solo, CHEjU (nullement abandonné puisqu’il avait sorti trois CD-R 3" sous cet alias l’an passé, disques dont non évoqués ici), pour un album sortant sur le label qu’il codirige avec MINT.

Musicalement, peu de surprises sont à attendre d’un disque de CHEjU (et, même, si on poussait un peu le raisonnement, d’un disque paraissant sur Boltfish Recordings) : on sait que l’electronica y sera toute mélodique, agrémentée de rythmiques savamment construites et de sonorités pouvant se faire plus robotiques ou plus connotées 80’s selon les morceaux, le tout baignant dans une atmosphère sachant verser dans une certaine mélancolie par endroits. Au-delà de ces éléments que l’on retrouve naturellement sur Broken Waves, ce sont plutôt les composantes absentes que l’on relèvera, par rapport aux précédents enregistrements du Britanniques : ni guitare acoustique digitalisée, ni pulsation proche du dub. À l’inverse, les rythmiques grésillantes sont légion et servent idéalement de supports aux développements chromatiques (Object Not Found, Pica, Data Packet, Hikari ou le délicatissime Pantone).

À côté de ces excellents titres (dont trois d’entre eux se trouvaient déjà sur des disques précédents de Wil Bolton, mais sortis à 100 exemplaires ou moins), les morceaux opérant dans un registre plus dépouillé semblent moins convaincants, souffrant donc de la comparaison avec leurs congénères, mais font néanmoins preuve de qualités indéniables. Tout au bout de ce long album (plus d’une heure et quart), CHEjU voit trois de ses anciens morceaux remixés par des artistes proches de Bolftish Recordings (voire ayant déjà sorti des disques sur cette structure). Tandis que Reason Or Romanza ne change pas grand-chose à l’ordonnancement originel du morceau dont il a la charge, ElectricWest superpose habilement rythmiques crunchy et nappes et Preston apporte une dimension laid-back bienvenue.

François Bousquet
le 17/02/2009