10/02/2009
Klub,
Paris
Klub / Kokoon / Zero Absolu
Cela fait quelques temps que l’on suivait le travail de Zero Absolu, jeune artiste d’Annecy produisant un post-rock à la fois tendu, expérimental et engagé. Après l’avoir raté à plusieurs reprises en concert, une nouvelle occasion nous était donnée de le découvrir sur scène. Qui plus est, se produisait également ce soir au Klub le groupe Kokoon dont nous écoutions encore le premier album la veille, soit l’occasion de découvrir sur scène deux groupes que l’on connaissait déjà un peu sur disque.
On devrait même parler de trois découvertes puisque ce sont les Sons of Frida qui ouvrent la soirée, un groupe dont nous avions déjà croisé le nom plusieurs fois sans trop savoir dans quel registre ils jouaient. Pour le coup on passera assez rapidement sur leur set qui se révèle être celui qui rentre le moins dans notre ligne éditoriale. Une formation plutôt pop-rock avec le classique trio guitare-basse-batterie enrichi d’une deuxième guitare pour un set qui alternera entre pop instrumentale de part le classicisme de certaines compositions et rock incisif tout en restant purement instrumental, ce qui aurait tendance à les faire basculer parfois vers un post-rock nerveux. Au final on trouvera ce premier set tantôt plaisant, tantôt trop classiquement rock pour véritablement nous intéresser et on quittera la salle un ou deux titres avant la fin de leur concert.
Le temps de changer le matériel et on enchaîne avec Kokoon dont nous avions donc déjà écouté l’album avant cette soirée. On est là dans un registre post-rock que l’on pourra trouver parfois assez classique, avec de belles envolées de violon, mais aussi quelques fulgurances rock surprenantes. En effet, à l’écoute de l’album on avait été un peu surpris par un chant profond et sombre, pur cliché d’un groupe de doom métal...
On était donc plutôt curieux de les découvrir sur scène et d’en apprécier les différences avec l’enregistrement. Alors que sur disque le violon nous semblait faire des apparitions de-ci de-là, en concert la violoniste est omniprésente, ajoutant une certaine douceur à leur musique. Douceur mais aussi équilibre avec les quelques passages très rock avec cette voix sombre que l’on retrouve. Mais sans trop pouvoir expliquer pourquoi, celle-ci ne nous gêne pas (ou plus), comme si en live on avait une autre perception de la chose, allant même jusqu’à vraiment apprécier ce contraste entre une certaine violence enrobée de douceur. Tout est plutôt bien maitrisé, sans fioriture, et le concert se déroule sans accroc devant un public apparemment conquis. On reste globalement assez proche de l’album, et si musicalement ça fonctionne quasiment à tous les coups, on pourra regretter un petit manque de recherche, d’expérimentations. On portera enfin une attention particulière au dernier titre, lors duquel tous les musiciens se produisent aux percussions, le guitariste à la kalimba, la violoniste au tonneau façon Tambours du Bronx, pour un résultat plutôt jouissif, un final inattendu, surprenant.
Kokoon jouera de nouveau sur Paris, le 10 mars à la scène, et il y a déjà de fortes chances qu’on y revienne !
Dernier concert de la soirée, Zero Absolu, projet de Nak originaire d’Annecy. Comme de nombreux artistes Nak nous avait contacté il y a environ 6 mois, nous invitant à jeter une oreille sur son projet. On écoute alors plusieurs titres sur sa page MySpace que l’on trouve intéressants, peut-être aussi quelques vidéos sur YouTube, et tout de suite ce projet nous interpelle, en particulier le fait de le voir absolument seul sur scène. Derrière guitare, clavier et machines, Zero Absolu produit une musique hybride, une sorte de rock engagé empruntant à l’électronique, expérimentant donc naturellement entre ces deux voies, révélant même parfois quelques influences industrielles. À la rigueur, et comme pour Kokoon, on pouvait trouver ça un peu trop rock pour nous, mais sur scène notre sentiment change. Peut-être est-ce la part d’électronique ou plus globalement le style, le son, les expérimentations qui font que notre intérêt pour cette musique reste en éveil. Assez inattendu par exemple ce passage ultra minimaliste et répétitif qui nous fait penser a une version rock d’un Philip Glass / Steve Reich. Sinon on retrouve ces textes engagés sans pour autant faire dans le systématisme, parfois projetés sur l’écran entre deux paysages apaisants. L’artiste ne chôme pas, changeant régulièrement d’instrument, superposant les boucles et finissant par retenir l’attention du public malgré l’heure tardive et un début de set devant assez peu de monde. On passera au stand pour acheter le premier album de Zero Absolu qui se révèle être excellent et plus accrocheur qu’il pourrait le sembler de prime abord.
Au final une excellente soirée, et on sortira de la salle en se disant qu’on devrait peut-être un peu mieux suivre la programmation du Klub...
le 19/02/2009