(Low Impedance Recordings / COD&S Distribution)
00/10/2008
Rock

Charles-Eric Charrier / Improvisation / Jazz / Low Impedance Recordings / Man / Oldman / Post-Rock
Oldman est le projet solo de Charles-Eric Charrier depuis la fin de Man, et on a l’impression qu’il n’a jamais été aussi actif que depuis qu’il mène ce vieil homme à bon port. On en est même au point d’avoir du mal à suivre toutes ses sorties avec en peu de temps un Son, father and son chez les délicats Arbouse Recordings, et ce Two Heads Bis Bis sur le select et pointu label Low Impedance Recordings.
En y repensant, on pourrait se dire que l’on retrouve la plupart des éléments qui nous plaisaient chez Man, à savoir une sérieuse base post-rock, légèrement teintée d’influences jazz. Mais tout au long de l’album se dégage un sentiment de profonde liberté, comme si Oldman s’était détaché de tous les courants musicaux, de toute pollution sonore pour construire son propre univers à base d’improvisation, discipline musicale la plus à même de faire sortir une musique de ses carcans.
Le format en témoigne déjà avec les 10 minutes de Broken Teeth, sorte de post-rock jazzy et alangui, très campé sur une base rythmique-basse qui hante l’ensemble de l’album. Et puis là dessus se posent de rapides égrenages de cordes, bruitages divers, murmures, sifflements et grincements métalliques. On tient là le genre de disque qui, à la première écoute pourra sembler maladroit, chaotique, brouillon avec ses mélodies mal assurées, ses hésitations qui cassent le rythme, ses sonorités casse-gueule, mais c’est justement le genre d’album qui mûrit au fil des écoutes jusqu’à devenir indescriptiblement accrocheur, attachant en fait. Une boucle de basse ou de guitare, des percussions métalliques qui deviennent mélodiques (Sunny Afternoon African Charge), des croisements de cordes et l’impression d’entendre des motifs qui se répètent tout en changeant sans cesse (Noze Teeth Eyes) sont quelques uns des éléments qui contribuent à la magie de l’ensemble.
Au niveau de l’ambiance générale, et vue l’importance de la basse, Oldman dessine un univers à la fois sombre mais pas inquiétant, plutôt comme parcouru de gentils fantômes.
Un album court (37mn - 6 titres) mais riche, au point de pouvoir l’écouter plusieurs fois de suite sans s’en lasser, et même découvrir à chaque fois de nouveaux points d’accroche.
le 28/03/2009