Luomo - Kitbuilders - Mina - Dominique Petitgand

Ce samedi 5 octobre voyait la conjonction du festival Recyclart, du nom d’une salle à la programmation plus électronique et aventureuse que la moyenne, située dans une partie d’une gare à moitié désaffectée sous les voies traversant Bruxelles, et de la Nuit Blanche qui s’est emparée de la capitale malgré une pluie persistante.

Le Recyclart proposait, en plein air dans un tunnel passant sous les voies en question, les concerts de Mina, Kitbuilders et Luomo.
Mina nous a convaincus avec une fusion pop/post-rock instrumentale très emballée, combinant guitare/basse groove, parfois à la limite d’un noise élégant, et synthé/loops disco/wave restant un peu au second plan mais qui allégeait l’ensemble et le rendaient très digeste.
Kitbuilders a ensuite proposé une electro-disco-pop évoquant à la fois Giorgio Moroder, Split Second, Chris & Cosey et des choses plus actuelles comme International Deejays Gigolos, Fischerspooner ou Ladytron. Très marqué eighties, donc à priori sympathique ; superficiel mais entraînant, et cependant gâché par les harangues d’une chanteuse vociférante mais fort peu charismatique.
Enfin, Luomo, projet house de Vladislav Delay, nous a fortement déçus : derrière son laptop, il délivre une house très basique, prévisible et pourvue de tous les poncifs du genre, sans élévation aucune. Evidemment dansant, donc cela a fait mouche, mais on attendait bien mieux du bonhomme au vu de ses productions en solo... dans la mesure où même en house, il peut y avoir de bonnes choses originales et développées (au hasard, Deep Dish).

Nous avons dès lors pris le parti de fuir, traversant un centre-ville où cela festoyait allègrement en dépit du temps maussade, pour rejoindre l’Atelier de Création Sonore et Radiophonique de la rue Dansaert.
En marge de la Nuit Blanche, celui-ci expérimentait une réunion de créateurs sonores plus ou moins avant-gardistes appelée à devenir un rendez-vous régulier. Il faudra pour cela qu’ils revoient l’organisation afin d’offrir de meilleures qualités d’écoute pour des travaux qui supposent nécessairement une concentration de la part de l’auditeur. Toujours est-il que se trouvaient là réunis des gens comme Jacques Foschia, Vincent Matyn, Martiens go home, David Fortez, Electrosold, Cédric Pigot, Eugène Savitzkaya, Dimitri Coppe et Alain Bolle... entre autres.
Impossible bien sûr de détailler chacune des prestations auxquelles nous avons assisté, lectures, bruitages divers, recherches sonores, collages vocaux... tout ça est aussi passionnant qu’éphémère, vécu dans l’instant d’une nuit pluvieuse où le son prend possession de l’espace. Le clou de la soirée était la présence de Dominique Petitgand, pour une performance dans le noir comme à son habitude, centrée sur des voix qui se répondent et se superposent, énigme d’une présence fugace et volatile. Au final, une soirée variée et réussie où la ville et le son étaient à l’honneur...

Gilles Genicot
le 15/10/2002