Festival Nemo 2009 : Mira Calix / Quayola

Après une première soirée samedi dernier au Forum des Images autour du label Raster Noton avec Frank Bretschneider et Byetone, on décidait de poursuivre ce soir avec Quayola et Mira Calix que l’on n’avait pas vu depuis bien longtemps. Rendez-vous était donc pris au Cube isséen, partenaire du Festival Némo depuis maintenant quatre ans.

A 20h30 précises, la soirée débute avec un petit discours des organisateurs du festival afin de présenter cette soirée qui était à la fois la clôture du festival au Forum des Images et l’ouverture au Cube qui propose plusieurs événements jusqu’à samedi. La soirée se découpait en trois parties, en commençant par une présentation des différents projets commissionnés de Mira Calix. On retrouve alors celle qui avait tendance à se cacher derrière son laptop, ici seule au micro en train de nous parler de sept de ses récents travaux, à commencer par Nunu qui avait été présenté à la Cité de la Musique avec le London Sinfonieta. On aura droit ce soir à une version filmée, très belles images d’insectes qui ont été samplés par l’artiste, servant de matière première à sa composition musicale.
_On retiendra également Chorus, un projet développé dans un grand hall où plusieurs pendules se balancent au dessus de la tête des visiteurs. Chaque pendule dispose d’un spot et d’un haut-parleur diffusant un instrument, en mouvement quasi perpétuel, provoquant une perception sans cesse renouvelée. On terminera avec My Secret Heart, un énorme projet que l’on aura peut-être la chance de voir dans le cadre de Némo l’année prochaine. Six mois de travail avec une centaine de SDF qui ont été filmés et enregistrés afin de créer une installation sonore et visuelle, avec projection à 360 degrés, le Miserere servant de point de départ.

Après une petite pause, c’est au tour de Quayola. Graphiste et vidéaste, il est notamment l’auteur de l’installation Strata #2 qui était présentée dans l’église St Eustache dans le cadre du festival Nemo. Ce soir au Cube il se produisait en live dans un set qui mêlait graphisme et musique, les deux éléments étant synchronisé au point de se demander si ce n’était pas la musique qui générait les visuels. Une musique d’abord assez facile, proche d’une techno minimale avec à une ou deux reprises quelques tics house, mais ce sont des sonorités globalement arides, incisives qui dominent l’ensemble au profit d’une electronica rugueuse et plutôt séduisante.
Au niveau des visuels, des formes abstraites avec pour dominante des triangles, des pointes, des aiguilles, qui se déforment et semblent exploser au gré de la musique. Les visuels se répartissent autour d’une ligne verticale, contribuant parfois à donner une impression de fluidité, comme une cascade d’éléments graphiques, éventuellement reliés entre eux par des rubans graphiques ou des fumées de cigarette, seul élément concret que l’on notera. Si l’ensemble marche très bien et s’avère fort agréable, on pourra reprocher un set trop long, et l’impression au bout de 10 minutes d’avoir déjà tout vu, ce Path to Abstraction manquant de renouvellement.

Path to Abstraction #10 from Quayola on Vimeo.

La soirée se terminera donc avec le concert de Mira Calix, et pour l’accompagner un chouette film fait à la main, caméra fixe, et des mains qui dessinent, dispose des filtres colorés sur une table lumineuse, jouent avec des fleurs, feuilles et graines de manière à représenter d’autres éléments, ou plus simplement écrire le nom de ’Mira Calix’, bref un film 100% analogique au milieu d’une soirée tout numérique, un petit bol d’air.
Musicalement Mira Calix nous surprendra. Elle a assurément pris de l’assurance depuis ses début et les quelques concerts que l’on a pu voir d’elle. Un set extrêmement varié dans lequel on retrouvera ses pièces un peu naïve des débuts, qu’elles soient électroniques ou jouées au piano sur une base électronique généralement assez abrupte. On sera surtout agréablement surpris par son évolution vers des pièces nettement plus complexes, et globalement ce mélange de constructions acoustiques et d’abstractions électroniques. Elle terminera magnifiquement avec deux de ses tubes aux rythmiques electronica, dans la pure tradition du label Warp.

On sortira du Cube véritablement enchanté par cette soirée, et histoire de revivre quelques instants de celle-ci, voici un extrait des visuels du concert. C’est le collectif Flat-e qui en est l’auteur, tout comme Nunu ou My Secret Heart. Voici le point d’entrée, on vous laisse creuser...

Mira Calix Tour Visuals from Flat-e on Vimeo.

Fabrice ALLARD
le 10/04/2009