Jérôme Bel
du 18/10/2004 au 23/10/2004
Centre Pompidou,
Paris
Près de deux ans après avoir découvert Jérôme Bel avec The Show Must Go On, nous voici de retour au Centre Pompidou pour la suite, sobrement intitulée The Show Must Go On 2. Un titre un peu trompeur, puisque du coup on s’attendait vraiment à un prolongement de l’idée du précédent spectacle. En fait il s’agissait bien ici d’un autre spectacle, avec de nouvelles idées, mais avec la même façon de bouleverser les codes de la danse il y a deux ans, et du théâtre cette année.
Quoi que... avec Jérôme Bel, parler de danse ou de théâtre a-t-il encore un sens ? Les deux disciplines semblent se fondre dans une troisième, propre au chorégraphe-metteur en scène qui, dans les deux cas, crée une relation particulière entre l’espace scénique et public. Le but semble être de nous questionner ouvertement : qu’est-ce que la danse ? Qu’est-ce que le théâtre ? Et en fin de compte, quel est le point commun entre les deux ? Il s’agit tout simplement d’un spectacle, d’un show.
A plusieurs niveaux, les deux spectacles sont très différents. Aujourd’hui, plus de musique, et seulement deux artistes présents sur scène. Le premier vient placer des lettres sur scène, de grands cartons pliés en deux, disposés verticalement pour que le public puisse lire "THE SHOW MUST GO ON 2". Il prend le temps de regarder ces lettres, et revient en prendre quelques unes qu’il place à part pour former de nouveaux mots, à la manière d’un joueur de Scrabble. Il commence par "SHOWMEN". Il va alors chercher le deuxième interprète qui regarde le mot, et se met à le mimer de façon amusante.
Mais c’est rapidement l’escalade : on passe à "STUNTMEN", puis "2 STUNTMEN" et finalement "2O STUNTMEN" où l’interprète se met à faire 20 cascades. On dirait un gamin qui s’amuse tout seul aux cowboys et aux indiens, faisant sa guerre contre des fantômes, se faisant tuer, ou se lançant dans l’escalade d’une paroi rocheuse pour échapper à ses poursuivants, tout cela sans le moindre accessoire.
On se retrouve alors avec un comédien épuisé, et on aura là le plus beau moment du spectacle, le plus fin, voire même poétique. Assis par terre, tentant de reprendre son souffle, il se voit aidé par celui qu’on nommera le metteur en scène qui vient écrire à côté de lui "O2", et un peu plus tard "H2O", afin qu’il fasse le plein d’oxygène et qu’il se désaltère un peu.
La suite sera un peu moins intéressante. En effet, comment mimer des termes comme "THOUGHTS", "SOME THOUGHTS", ou encore "SOME THOUGHTS NOW". On s’ennuiera un peu, jusqu’à un joli final du même type. Mais cette fin était aussi une manière de faire le lien avec The Show Must Go On et cette façon spectaculaire de faire du non-spectacle.
Quoi qu’il en soit, nous serons présents pour The Show Must Go On 3, déjà prévu pour 2006.
le 25/10/2004