Lovely Girls are Blind

Derrière cet amusant nom de groupe (on se demande même s’il n’a pas suffit à retenir notre attention !) se cache bien évidemment quatre jeunes hommes plutôt multi-tâches, se partageant guitare, basse, batterie et claviers pour une musique rock instrumental, que l’on qualifiera donc de post-rock. Un genre déjà bien balisé dans lequel cette formation parisienne tente de se frayer un chemin avec ici un album autoproduit et des concerts réguliers.

Après une démo et un enregistrement live en 2006, le groupe se pose un peu et prend le temps de travailler sur ce premier album, enregistré courant 2007. Après une courte introduction qui brouille un peu les pistes, dominée par les claviers, on entre dans le vif du sujet avec Hypo et son format pop (durée de 3’18), rock doux et calme, un peu nonchalant pour commencer mais suivi de quelques belles accélérations de batterie et montées de guitares soutenues encore une fois par des nappes d’orgue au second plan. L’ambiance générale navigue entre une certaine mélancolie (le très joli Bidendum Chamallow 1) même si celle-ci ne s’apesantit pas, et une énergie franchement rock qui apparaît toujours un peu contenu, même si les guitares saturées (Bidendum Chamallow 1) voire débridées (Franska et ses explosions de batterie) sont régulièrement de sortie.
Entre les deux on trouve des interludes qui, comme l’intro sont principalement exécutés aux claviers, un peu rétros (Interlude n°1) ou flirtant assez ouvertement avec un style prog-rock (Interlude n°2), mais aussi des pièces qui s’étendent jusqu’au 11 minutes de Chernabog, construit comme une alternance de douceur, d’envolées de guitares lumineuses, de contrastes entre cris plaintifs et textures saturées. Mais si on ne devait retenir qu’un titre, ce serait certainement Sainte Rita pour son enchevêtrement de guitares affirmées et de nappes d’orgue, ses claviers sur le déclin aux basses nasillardes, ou son long final quasi religieux entièrement exécuté à l’orgue et autres claviers. L’album se termine avec un Oceans complètement alangui, plus abstrait, une sorte de longue rêverie avant de reprendre contact avec la réalité.

Un bel album, avec un sens permanent de la mélodie qui le rend terriblement accrocheur, et des orgues régulièrement présents qui soutiennent joliment l’ensemble. Il n’y a pas grand chose à redire à cette nouvelle sortie, tout juste une production parfois un peu faible, mais on ne boudera pas notre plaisir : c’est gratuit et sous licence Creative Commons !

Fabrice ALLARD
le 19/04/2009