Gilles Jobin
du 26/03/2008 au 29/03/2008
Théâtre de la Ville,
Paris
Chorégraphe suisse habitué de ces pages, Gilles Jobin imagine que son pays est envahi par les troupes états-uniennes. Alors que la résistance s’organise, que des attentats fondamentalistes ont lieu jusqu’à Annecy et que la Suisse protestante déclare la guerre à la France catholique, quelques extraits de radios suisses ou états-uniennes nous relatent ces événements, mêlés à un drone électronique, œuvre du musicien Cristian Vogel.
Sur le plateau, six danseurs sont assis de part et d’autre d’une grande table rectangulaire, chacun derrière un laptop, triturant les sons, combinant en direct fausses informations, textes historiques issus de Wikipedia et discours hachés. Peu à peu, les interprètes se lèvent et commencent à tendre des fils, partant de points surélevés, au pourtour du plateau, pour rejoindre le centre de celui-ci. Évoluant par la suite au milieu de cette toile assez resserrée, les danseurs ne semblent pourtant nullement affectés par la litanie des morts que les informations annoncent, nous renvoyant à notre propre banalisation de ce type d’événements. Plastiquement, quelques tableaux restent alors en mémoire, à l’image de ces corps dénudés et seulement habillés de câbles qui les enserrent ou de la découverte progressive des écrans des laptops, reproduisant ces feux de cheminée factices qu’on peut trouver en DVD, histoire de meubler son salon.
Cependant, la scénographie prend trop souvent le parti d’appuyer démesurément le propos, comme s’il était impératif de passer par la redondance pour faire sens. Au-delà de la toile déjà évoquée (lourde métaphore de notre monde globalisé, agissant en réseau et remplaçant le lien social par un lien virtuel), trop nombreuses sont les scènes dans lesquelles le corps des danseurs ne sert que de plate illustration du discours de Gilles Jobin (la nudité comme symbole de l’impuissance face au système, une jeune femme arborant la tenue des prisonniers de Guantanamo – large pantalon orange et débardeur blanc -, la chosification des corps par leur fusion avec des pneus ou des enceintes), bien loin de la nécessaire transcendance qui aurait pu être de mise en l’espèce.
Autres dates :
15 avril 2008 : Le Cuvier de Feydeau - Artigues-Près-Bordeaux
du 6 au 10 mai 2008 : Théâtre de Carouge – Genève
14 mai 2008 : Opéra de Rouen
14 juin 2008 : Festival Latitudes Contemporaines – Lille
12 et 13 septembre 2008 : Dampfzentrale – Berne
du 16 au 19 septembre 2008 : Arsenic – Lausanne
du 5 au 7 novembre 2008 : Gessnerallee – Zürich
du 1er au 3 avril 2009 : MC2 - Grenoble
le 30/03/2008