25/10/2002
Maison de la Métallurgie,
Liège
Festival Panoptica 2002 / Herrmann & Kleine / Jake Mandell / Maison de la Métallurgie / Rawakari / Thaddeus Herrmann
Saluons l’initiative de l’association Panoptic (http://www.panoptic.be) qui réveille notre bonne vieille ville de Liège en y organisant ce festival, premier du genre, dont l’on peut gager qu’il ne sera pas le dernier au vu du large succès qu’il a rencontré auprès d’un public venu d’horizons divers. Il se déroulait dans un ancien bâtiment industriel désaffecté, qui convenait bien pour ce genre de choses, et couplait musiques audacieuses ou plus mainstream avec les visuels proposés par de jeunes créateurs.
Pour cause d’obligations annexes, nous avons malheureusement manqué les sets des luxembourgeois de SugRcane et de Christian Kleine en solo. Nous sommes arrivés juste à temps pour le meilleur moment de la soirée, à savoir la prestation du susnommé avec son comparse Thaddeus Herrmann. Il ne nous est pas souvent donné de pouvoir jouir de concerts electronica de cette qualité, et nous n’avons pas boudé notre plaisir. Les deux musiciens se présentent d’une manière classique, laptop + table de mixage, mais impressionnent par leur habileté à ciseler en orfèvres des petits bijoux d’electronica pop franchement irrésistibles.
Les rythmes sont variés, suffisamment présents pour capturer l’attention d’un large public et néanmoins en retrait par rapport aux lignes mélodiques qui constituent l’ossature des morceaux. Et celles-ci furent impeccables de bout en bout, dans le plus pur style Morr Music. Les ambiances installées par le duo nous faisaient passer de glissades en sautillements, de relaxation en excitation avec un égal bonheur. Et quand Christian Kleine a empoigné sa guitare pour ajouter aux délices vaporeux de l’electronica ses accords entre le psyché et le planant, ce fut carrément l’extase.
Difficile ensuite de rester à la hauteur. Rawakari (du label belge Elf Cut) tenta de relever le pari en agrémentant des rythmes déstructurés de textures plus mélodiques, mais ne convainquit qu’à moitié un public devenu plus distrait pour se remettre de ses émotions. Son set fut trop court pour qu’il puisse avoir une chance d’emporter l’adhésion sur la durée ; certes pas mauvais, loin s’en faut, mais manquant un peu de relief.
Ensuite, Duplo_Remote (Londonien que l’on dit acoquiné avec Aphex Twin et Squarepusher) provoqua rapidement une réaction de rejet unanime, tant ses compositions étaient vides, dépourvues de toute idée ou de toute construction et énervantes.
Mais les choses allaient s’améliorer quand Jake Mandell prit les commandes. On sait l’homme capable de proposer des choses fort différentes, de l’expérimental arythmique (voir ses contributions aux compilations Clicks & Cuts sur Mille Plateaux) à des textures nettement plus abordables pour le commun des mortels. Ce soir, il avait résolument décidé de faire danser un public qui, à cette heure-là, ne demandait que ça. Et pour peu que l’on prenne la peine de rentrer dans le schéma qu’il propose en laissant ses a priori et ses exigences pointues au vestiaire, on en profite un maximum : près d’une heure trente d’un set techno au laptop, avec des rythmes pas franchement originaux mais pas lourdingues pour autant, et surtout des sons variés et bien conçus qui se greffent dessus pour proposer au total des morceaux qui échappent aux poncifs du genre et combinent l’accessibilité dancefloor et la qualité intrinsèque des compositions.
Après un DJ set de Lowrent, un des responsables de Panoptic, il restait encore le live/DJ set du belge Sitoïd, mais nous n’avons pas attendu et sommes repartis gavés de sons et d’images comme Liège ne l’avait plus été depuis longtemps. La preuve qu’il y a bien un public pour ce genre de manifestation, ce qui devrait inciter ses organisateurs à rééditer l’expérience. Qu’ils soient en tout cas félicités de l’avoir entreprise et du succès qu’elle a rencontré.
le 28/10/2002