14/10/2002
Instants Chavirés,
Montreuil
Alan Silva est une figure incontournable du free jazz depuis une trentaine d’années, depuis les années 70 où il jouait aux côtés de Sun Ra (dans la bonne période de celui-ci) et où il livrait un disque incomparable, Alan Silva and the Celestrial Communication Orchestra, pour lequel il avait réuni un big band où la fine fleur européenne (Bernard Vitet, Joachim Kuhn) était rejointe par des américains exilés à Paris (l’Art Ensemble of Chicago).
Il a fondé son In The Tradition Trio dans les années 90, avec Johannes Bauer, tromboniste allemand ayant notamment joué avec Peter Brotzmann, et Roger Turner, batteur aux improvisations impressionnantes. Ils seront ce soir rejoints par un vieux compagnon de route d’Alan Silva, Abdelhaim Bennani au saxophone.
Silva tire des salves de notes sans accord de son clavier, dont il modifie le son par des pédales d’effets. Roger Turner tape tour à tour sur chacun des fûts de sa batterie, et sur ces objets métalliques qui lui sont propres. Dans le fond de la scène, Bauer danse au son de la batterie, pris par le rythme, et rajoute des éclairs de trombone par dessus les percussions. Bennani adopte une attitude plus sobre, mais délivre en continu la basse du quatuor, une musique minimum quand aucun de ses partenaires ne part dans une improvisation.
Le premier set sera assez explosif, et après une pause, ils repartent sur des bases plus calmes. Il est amusant de constater à quel point Turner semble n’en faire qu’à sa tête, tandis que les trois autres l’écoutent, le regardent, et placent leurs parties en fonction de lui. Johannes Bauer est même hilare quand Turner a ces accès de rage où il tape frénétiquement sur ses cymbales.
le 30/10/2002