Villette Sonique 2009 : Omar Souleyman / Monotonix / Deerhoof / Dan Deacon

 date du concert

31/05/2009

 salle

Parc de la Villette,
Paris

 tags

Deerhoof / Festival Villette Sonique 2009 / Parc de la Villette

 liens

Deerhoof
Parc de la Villette
Festival Villette Sonique 2009

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Omar Souleyman, musicien syrien révélé par chez nous par le label
Sublime Frequencies, débutait cette dernière après-midi du Festival
Villette Sonique. Être transplanté de concerts / fêtes de mariage à
une scène en plein soleil avec un public qui ne le connait pas
forcément aurait pu être un problème, mais il a visiblement trop
d’expérience pour se laisser intimider, et son concert sera même plus
entrainant que son disque distribué par ici. Il est accompagné d’un
clavieriste qui manie la boite à rythme nonchalamment, d’un joueur
d’oud inspiré, et (c’est plus surprenant) d’un troisième larron qui
s’occupe de poésie (c’est ainsi qu’il sera présenté à la fin du
concert), et qui semble en fait souffler les paroles à Souleyman au
cours de la chanson. Improvisation ou rustine pour mémoire
défaillante, toujours est-il que leur numéro est bien rôdé, et aura
même attiré (en plus des festivaliers soniques) un public qui venait
simplement profiter des pelouses du parc.

Monotonix est un groupe de garage-rock qui a la très bonne idée de
commencer ses concerts là où la plupart des groupes les terminent. Du
coup, ils vont beaucoup plus loin. Ils jouaient au jardin des
treilles, une fosse remplie d’eau et de plantes vertes. Avec en plus
ce jour-là, des gens partout où il est possible d’en mettre, voire un
peu plus. Pour décrire le groupe, rien ne vaut le bon sens du public
lambda qui commente le concert. Phrases entendues : "Il est bon le
bassiste" (Monotonix est en effet un groupe guitare / batterie
/chanteur) ; "Le batteur a du mal à donner la cadence" (Le dit batteur
était à ce moment-là juché sur les épaules de spectateurs, et
martelait le rythme sur un tom basse que d’autres bonnes âmes tenaient
devant lui ; on lui pardonnera un quart de temps de retard) ; "Là il
nous fait Tarzan" (C’est exact : le chanteur adore grimper partout,
sur les treilles et les vignes du jardin, ou sur la passerelle qui le
surplombe. C’est amusant en concert, mais cette manie doit sacrément
lui compliquer la vie de tous les jours). Pour compléter le portrait,
précisons qu’ils jouent vêtus de slips rouges très seyants, et qu’il
déplacent sans cesse leur matériel, n’hésitant pas à monter la
batterie d’un étage au cours du concert (c’est hautement démocratique,
tout le monde se retrouve au premier rang à un moment ou à un autre).

On eut beau partir en avance, nos petits Deerhoof avaient déja
commencé à jouer quand nous sommes arrivés à l’autre scène. Notre
appréciation était gagnée d’avance, le seul élément pertubant était
cette foule qui nous séparait d’eux : c’est une bonne chose qu’ils
rassemblent ce large public, d’autant que leur pop complexe est
taillée pour les festivals, mais on regrette quand même un peu que
Satomi ne nous sautille plus sur les pieds. Puisqu’on en parle, Satomi
est toujours sans égal quand il s’agit de scander des textes aussi
recherchés que "Panda panda panda" ou "Badaboum blip blip". Il y a un
nouveau guitariste : Ed Rodriguez, que John Dieterich a simplement été
récupéré dans son autre groupe, Gorge Trio (ce qui n’est pas une
mauvaise idée, car Gorge Trio est l’une rares groupes - avec peut-être
Converge - qui soit capable de faire du free-rock comme d’autres ont
fait du free-jazz il y a 40 ans). La guitare supplémentaire grossit un
peu le son, et ça ne fait pas de mal par rapport à la version trio qui
avait existé temporairement. Greg Saunier (le type qui joue de la
batterie comme deux) était bavard, commentant (en français) la
prestation d’Omar Souleyman qui les avaient précédes, le public
enthousiaste et le beau temps : il était visiblement heureux d’être
là, et nous étions heureux que eux soient là.

La venue de Dan Deacon à Paris est un bel exemple de timing heureux :
la rumeur élogieuse sur l’ électronica pratiquée par une "scène de
Baltimore" dont Deacon serait le fer de lance, un album bourré de
tubes (quoiqu’un peu longuets) en début d’année sur Carpark, et enfin
ce concert à La Villette, avec son "ensemble" d’une dizaine de
personnes (ses fameux potes de Baltimore), qui est l’occasion de
confirmer (ou pas) tout le bien que l’on pensait de lui. Deacon est
avant tout un MC, mais au lieu de haranguer son public en prenant des
poses machos, il fait dans le mignon : il fait libérer un cercle au
milieu du public pour organiser un "dance contest" (avec un petit côté
Yo Mamma !), il donne le tempo pour agiter les bras en rythme, son ami
déguisé en fraise vient danser au milieu du public (une manière comme
une autre de promouvoir les fruits de saison). On sent bien que, à
l’instar de Pierre Perret, il aime beaucoup les colonies de vacances.
Mais au lieu de simplement les chanter, il en re-crée l’ambiance. Il y
a interactivité avec le public, mise à distance par l’ironie, recours
au jeu, bref nous avons affaire à un Pierre Perret post-moderne.
Cependant, cet aspect (un peu voyant) n’est qu’un faux-nez qui sert à
masquer le démarrage des morceaux. Le groupe fait montre d’un
extraordinaire sens de la dynamique des chansons : ça part avec Deacon
qui fait mumuse avec son appareillage de synthés et d’effets, vagument
soutenu par une basse, et ça enfle brusquement quand les trois
batteurs rentrent dans la danse, épaulés par des guitaristes à larsen
et des gusses dont on ne sait pas trop ce qu’ils font. Bref c’est
l’avantage d’avoir un big band, on a du gros son à disposition. Dan
Deacon en fait bon usage pour recréer sa musique qui évoque tant
Animal Collective que Dat Politics, et réussit à faire sautiller tout
le monde.

Bertrand Le Saux
le 04/06/2009

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