Masha Qrella

Plus de quatre ans après Unsolved Remained (dont on ne garde, pour ainsi dire, aucun souvenir, hormis les morceaux où la chanteuse était accompagnée par Smyglyssna et Rechenzentrum), Masha Qrella nous livre un nouvel album solo. Pour autant, cette fois-ci, point de compositions solo puisqu’il s’agit, sur commande de la Maison des Cultures du Monde de Berlin qui avait, en octobre 2007, organisé une série de soirées « New-York-Berlin », de reprendre des grands standards de Broadway, tirés de partitions écrites principalement par Kurt Weill et Frederick Loewe.

Plutôt originale, la démarche permet alors de (re)découvrir des morceaux éclipsés dans la mémoire par de plus récentes comédies musicales (celles de Leonard Bernstein ou Andrew Lloyd Webber entre autres). Autre gros avantage à ces reprises folk : le kitsch gentiment ridicule des compositions originales s’efface rapidement, délaissant grandiloquence vocale, interprétation appuyée et instrumentations ampoulées pour une approche plus directe, plus légère aussi. Certes cette nouvelle grille de lecture amène-t-elle à « lisser » quelque peu les morceaux, les mettant tous sur un pied d’égalité, homogénéisant au maximum les arrangements (écrits directement pour le backing band qui accompagne l’Allemande) et constituant un album que l’auditeur non informé pourrait prendre pour un disque écrit par Masha Qrella elle-même.

Musicalement donc, l’ensemble se présente sous la forme d’un folk assez riche (guitares, basse, batterie, orgue), pouvant même se laisser aller à proposer un instrumental en milieu de disque (Drunken Scene) ou à proposer un duo Masha Qrella - Michael Mühlhaus sur le multi-repris September Song. L’album peut alors se clore sur une Saga Of Jenny enlevée, dans laquelle Rike Schuberty (comparse de Masha Qrella au sein de Contriva) accompagne celle-ci au chant afin de redonner une nouvelle fraîcheur à ce morceau des années 40.

François Bousquet
le 21/06/2009